Episode 25 – L’éducation à l’étranger

Je veux vous parler du livre « Mamans du Monde » écrit par Ania Pamula et Dorothée Saada et publié aux éditions FIRST. 

Pourquoi j’en suis venue à vouloir lire ce livre ? Eh bien, je vous en avais déjà parlé dans les épisodes sur le sommeil, les épisodes 12 et 13. Je galérais avec le sommeil de mon fils. Il ne dormait pas seul, tout simplement. 

Il fallait soit passer des heures à l’endormir dans sa chambre, dans son lit et tenter de sortir de la chambre sans faire craquer le parquet, sinon, il fallait tout recommencer. Et s’il se réveillait la nuit et voyait qu’il était seul, il fallait recommencer. 

Soit, il fallait qu’il dorme avec mon conjoint et moi, soit dans notre lit entre nous deux, soit par terre, sur son matelas qu’on avait ramené. Ça me pesait beaucoup parce qu’à cette époque-là, tout ce que j’entendais autour de moi avait beaucoup d’impact sur moi. J’entendais des choses comme « ce n’est pas normal qu’il n’arrive pas à dormir seul », « ah bon, il dort avec vous ? Mais il va dormir avec vous jusqu’à quel âge ? », ou encore « eh bien, le cordon n’est pas tout à fait coupé ! ». 

Et ces réflexions désobligeantes me peinaient et m’agaçaient parce que, ces personnes-là n’étaient pas là le soir quand j’essayais désespérément d’endormir mon fils. Elles n’étaient pas là quand on a essayé de le laisser pleurer et qu’au bout de trois heures, nous sommes allés le chercher. Elles n’étaient pas là quand j’étais morte de fatigue si bien que j’ai failli avoir des accidents de voiture ou autre. 

Parce que c’était la solution que j’avais trouvée pour moi, à ce moment-là. 

Jusqu’au jour où je croise le chemin de Virginie, médecin en PMI en région parisienne, qui est devenue une très bonne amie. De par son métier, elle rencontrait pas mal de familles venues hors de France. Et elle m’a dit qu’il y avait plus de la moitié des parents du monde qui dormaient avec leurs enfants jusqu’à un âge avancé. Et que pourtant, il n’y a pas plus de la moitié de la population mondiale qui est complètement débile et immature, toujours accrochée aux basques de ses parents. 

Ça a été comme une révélation pour moi ! Elle avait complètement raison. Je raisonnais en franco-française que je suis, en suivant scrupuleusement ce que la pédiatre de mes enfants me disait et ce que j’entendais de toutes parts. Pas forcément de la part de personnes qualifiées d’ailleurs… 

Et je me suis dit, à moi-même, « tu sais quoi, Ethan va dormir avec nous, jusqu’à ce qu’il arrive à dormir seul ». Et effectivement, c’est arrivé un peu plus tard, vers trois ans. 

Tout ça pour vous dire que dès que j’ai entendu parler de ce livre, j’ai couru pour l’acheter et je l’ai dévoré. En plus, il est très joli et très bien fait. 

Ania Pamula et Dorothée Saada ont recueilli le témoignage de quarante femmes venant de divers endroits dans le monde. Tous les continents y passent. 

Je veux vous partager une analyse que je fais de ces témoignages concernant 11 points. 

Le sommeil à l’étranger

Je commence par continuer sur le sommeil. Effectivement, dans une yourte en Mongolie, les enfants peuvent difficilement dormir dans leur chambre puisque les yourtes sont constituées d’une seule pièce. Mais c’est pareil dans beaucoup de pays. En Russie notamment, au Japon, au Pakistan. 

Toute la famille dort ensemble. Où est l’intimité du couple me diriez-vous ? Eh bien visiblement les parents arrivent à se débrouiller car il y a en général plusieurs enfants. 

Les horaires de sommeil sont très variables. Il y a beaucoup de pays où il fait chaud et où les habitants de ces pays commencent à vivre tard le soir. Donc là, les enfants sont laissés à s’amuser sans que leur mère ne leur court après en leur disant « il est 20h, tu devrais déjà dormir ». En Espagne, par exemple. Idem sur les siestes. Pensez à ces mamans africaines qui portent leur enfant toute la journée sur leur dos dans un drap, les enfants s’endorment, puis se réveillent, puis s’endorment de nouveau. Sans se préoccuper de l’heure qu’il est ! En Argentine, les enfants dorment quand ils sont fatigués et on ne s’embête pas avec les doudous, le silence, la petite musique etc. Mais, en Australie, il y a des school sleep. Oui, des écoles de sommeil pour apprendre à la mère à faire dormir leur bébé. 

Je pense qu’à ce sujet, il est important de respecter le rythme et la demande des enfants. J’en parle plus en détails dans les épisodes 12 et 13 consacrés au sommeil

L’isolement des jeunes parents

En France, les jeunes parents sont assez isolés. Ils rentrent de la maternité et doivent se débrouiller à tout gérer. Une sage-femme passe dans les premiers temps mais, si tout se passe bien, d’un point de vue médical, ses visites cessent. En Algérie, au Bahreïn, au Chili… la mère de la jeune maman ou du jeune papa vient s’installer à la maison pour une durée de deux à trois mois. La jeune maman n’a alors pas à s’occuper de l’intendance de la maisonnée, des repas et autres choses à faire obligatoirement. 

Le repos des quarante jours

En Chine mais aussi en Turquie, au Pakistan, au Bahreïn, et même en Espagne, dans l’ancienne génération, la jeune maman ne doit quasiment rien faire pendant les quarante jours suivant la naissance. Parfois, elle ne doit pas se laver, même les cheveux. Ça peut paraitre dégoutant mais ayez en tête que dans pas mal d’endroits dans le monde, il n’y a pas d’eau courante et chaude. La maman ne doit donc pas attraper froid. Parfois, elle ne doit même pas sortir de chez elle. 

L’implication du papa.

Ce que je remarque c’est que dans quelques pays, le papa est pour ainsi dire mis sur la touche. A Chili, au Cameroun, au Monténégro… Il ne commence à s’occuper des enfants qu’à partir de trois ans. Mais, les nouvelles générations veulent que le père s’implique plus, que cette envie vienne de la jeune maman ou du jeune papa. 

L’accouchement à l’étranger

Il est très variable. 

Déjà, dans pas mal d’endroits du monde, en Inde, au Kenya, aux Philippines, l’accouchement est un acte médical risqué et la mortalité de la maman et du bébé est parfois assez élevée. Rappelons-nous de la chance que nous avons en France de ce point de vue-là . 

Le fait d’accoucher par voie basse ou par césarienne est très hétérogène ! Ça m’a beaucoup surprise. En Arménie, au Brésil, en Chine… les césariennes sont programmées pour faciliter l’organisation de l’hôpital, parce que plus d’argent entre dans les poches des médecins, pour choisir la date de la naissance en fonction des astres ou encore parce qu’accoucher par voie basse, ça fait mal. 

Il y a la péridurale n’est-ce pas ? Oui, mais pas forcément. Là aussi, selon le pays, on la propose volontiers ou non. Au Japon, la douleur ressentie pendant l’accouchement correspond à la force de l’amour que l’on va ressentir pour son bébé. Dans certains pays, on dit que la péridurale peut endommager la colonne vertébrale et causer une paralysie. 

En Guinée, on accouche sans anesthésie et en silence svp car c’est mal vu d’exprimer sa douleur, comme d’autres émotions d’ailleurs. 

Le prix de l’accouchement entre également en ligne de compte. En Australie et aux Etats-Unis, il faut compter entre 3000 et 4000 dollars, alors qu’en France, c’est complètement gratuit ! Et si on rajoute la péridurale ou la césarienne, c’est plus cher. Il faut remettre en perspective les prix de ces actes par rapport au niveau de vie de ce pays. 

La diversification alimentaire

Elle est également très différente. En France, début 2016, on m’avait expliqué que c’était d’abord des légumes seuls pendant quelques jours, puis un autre légume. Puis, quelque temps plus tard, des fruits. Toujours cuits ! Les céréales pas avant six mois. Les légumineuses encore après. Et vers huit mois, je pouvais commencer à introduire de la viande. 

Mais ce qui est étrange, c’est qu’une copine qui a fait la diversification pour sa fille qui a quatre ans de plus que mon fils, ce n’était pas pareil. 

Eh bien, chaque pays a des pratiques différentes. J’ai l’impression qu’en France, on contrôle beaucoup ce que mangent les bébés. Ne serait-ce que l’interdiction des fruits exotiques avant un an. Bon ok, mais comment ils font dans les pays où justement, il n’y a que des fruits exotiques ? Parce que pour ces pays-là, c’est plutôt la pomme, le fruit exotique… 

En Pologne, on mélange les fruits et les légumes. On fait des purées/compotes épinards pommes. 

Il y a beaucoup d’enfants qui mangent rapidement comme tout le monde. Les adultes piochent dans le plat principal et coupe ou prémâche pour donner au bébé. 

Faut-il laisser pleurer un bébé ?

Là, c’est pareil, on m’a dit et répété que si je répondais trop vite et trop souvent aux demandes de mon bébé, il allait rester débile et immature. Ce n’était pas exactement ces termes mais c’était l’idée. Si bien qu’à huit jours de vie, il fallait déjà que je le laisse pleurer. J’ai appris plus tard que c’est justement le contraire qu’il faut faire. Plus l’adulte répond aux besoins et aux demandes des bébés, plus le lien d’attachement se crée et c’est un lien qui est absolument indispensable pour le bon développement des enfants. Et je pense que les trois quarts de la population mondiale l’ont compris car on ne laisse pas les enfants pleurer. Jamais ! Au Bahreïn, par exemple, en Pologne, au Pakistan… De toute façon, ailleurs dans le monde, on vit beaucoup en famille élargie, que ce soit la vraie famille ou les amies, les voisines… Donc il y a toujours quelqu’un pour s’occuper d’un enfant qui pleure ou qui demande de l’attention.

L’allaitement à l’étranger

C’est un gros sujet. Faut-il ou non allaiter son bébé ? Est-il décent de le faire dans un lieu public ou non ? 

Beaucoup de diversité là aussi. Dans certains pays, on allaite jusqu’à ce que l’enfant ne veuille plus. Dans d’autres, il est bien vu de le faire jusqu’à un certain nombre de mois mais pas après. 

Dans certains pays, les mamans doivent se cacher pour allaiter tandis quand dans d’autres, elles peuvent le faire n’importe où sans se cacher. 

Dans beaucoup de pays, la naissance d’un enfant est une véritable fête. On invite la famille et les amis un certain nombre de jours après la naissance et on fait une très grande fête. Dans certains pays, c’est tout le quartier qui fait la fête. Au Chili, par exemple, le futur papa fait la fête pendant une semaine à l’annonce de la grossesse. 

La place de l’enfant

Elle n’est pas la même selon les pays. Il est considéré comme un petit adulte en Allemagne et comme un être inférieur au Pakistan qui doit suivre les règles sans broncher. 

En poussette ou en portage ?

Dans certains pays, comme au Mexique, c’est horrible mais les enfants peuvent se faire voler pour obtenir une rançon donc les enfants sont portés. Il n’y a pas de poussette. Au Cameroun et en Bolivie, les enfants sont portés dans des pagnes ou des draps. Ils y restent toute la journée. 

En France, on est plus poussette, je crois. 

J’ai fini mon exposé. Je n’ai abordé que les quelques points les plus récurrents de tous ces témoignages. 

Pourquoi j’ai fait cet épisode ? Eh bien, c’est pour que vous compreniez qu’il n’y a pas qu’une seule façon de faire pour chaque situation. Au contraire, ces façons de faire sont multiples et diverses en fonction des pays et je dirais même, en fonction des personnes. 

Je veux aussi que cet épisode vous aide à dédramatiser si vous n’avez pas suivi scrupuleusement les consignes qu’on vous a données, quelles qu’elles soient et peu importe qui vous les a données. Je veux que vous vous fassiez confiance en vous disant, devant une situation, que, peut-être, une autre maman dans le monde fait exactement la même chose que vous. Ou peut-être qu’elle fait quelque chose de complètement différent mais qui fonctionne quand-même pour elle et son bébé. 

coach parental