Episode 30 – Les devoirs

C’est un épisode qui s’adresse aux parents d’enfants qui sont en primaire, évidemment, puisqu’avant, les enfants n’ont pas de devoirs

J’interroge souvent mon audience pour savoir quelles sont ses préoccupations, ses difficultés et donc quels épisodes a-t-elle envie d’entendre. Je suis assez surprise concernant les devoirs car ce n’est pas un sujet qui revient souvent. Il faut dire que ça concerne les enfants à partir de 6 ans, pas avant. Or, nombreux sont celles et ceux qui m’écoutent qui ont des enfants plus jeunes. Et parmi les parents d’enfants qui ont entre 6 et 12 ans, pour la plus grande majorité, les devoirs se passent bien. Mais, et c’est la raison pour laquelle je fais tout de même cet épisode, quand les devoirs se passent mal, ils se passent vraiment mal ! Mais vraiment mal ! C’est la crise à chaque fois ! 

Pourquoi les enfants n’ont-ils  pas envie de faire leurs devoirs ? 

Est-ce que vous, étant enfant vous aviez envie de faire vos devoirs ? Si vous répondez non, essayez de vous rappeler pourquoi. Ce ne sera peut-être pas la même raison que pour votre enfant mais ça vous donnera peut-être une idée. Si vous répondez oui, je vous demande « vraiment toujours » ? Si vous répondez, ça dépend, vous êtes comme moi. J’adorais apprendre. J’adore toujours d’ailleurs. Mais beaucoup plus en histoire qu’en maths… Malgré tout, je faisais toujours mes devoirs même si je râlais parfois parce que je voulais être une petite fille modèle. 

Je vais essayer de recenser les raisons qui poussent les enfants à ne pas faire leurs devoirs, si j’en oublie, faites-le moi savoir. 

Parce que ça ne les intéresse pas. 

Parce qu’ils en ont assez ! Ils en ont marre, après une journée entière à l’école, pfff, travailler encore…

Parce qu’ils n’y arrivent pas. Ils ne comprennent pas, c’est dur, ils se trouvent en difficulté. 

Parce qu’ils ne voient pas l’intérêt d’apprendre tout cela, de faire cet exercice, de relire ce texte…

Parce qu’ils ont mieux à faire comme aller jouer. 

Parce qu’ils ne sont pas dans de bonnes conditions pour travailler, pas bien installés, dans un endroit bruyant par exemple avec un cadet qui fait du bruit à côté ou la télé allumée. 

Parce qu’ils ont beaucoup de devoirs, trop d’après eux et que la tâche leur parait insurmontable. 

Parce qu’ils ont beaucoup de pression sur eux, ils visent l’excellence ou plutôt leur parent et/ou leur enseignant.e visent l’excellence pour eux. 

Je pense qu’il y a d’autres raisons et je compte sur vous pour compléter la liste ! Et je pense aussi que souvent, c’est une pluralité de raisons. S’ils ont des difficultés et qu’en plus ils ont beaucoup de devoirs, la tâche est insurmontable pour eux ! Si la télé est allumée et que leur petit frère ou leur petite soeur est à côté d’eux, peut-être qu’ils ont envie de regarder la télé ou de jouer avec leur frère ou soeur. 

Alors quand il est difficile de faire les devoirs, c’est que l’enfant refuse purement et simplement de les faire, ou les fait à reculons, pas correctement… Selon l’importance que porte son parent aux devoirs, on comprend que ça peut vite tourner à la crise. Par exemple, si le parent exige que l’enfant fasse ses devoirs très bien, voire que l’enfant fasse plus que ce que la maitresse ou le maitre a demandé… 

Les devoirs sont-ils interdits ?

C’est une idée qui revient souvent. J’avoue que j’ai découvert ça il y a peu, quand mon fils a commencé à avoir des devoirs. Je dois dire que je ne me suis pas posée la question… J’avais des devoirs étant petite, tous les enfants ont des devoirs, non ? Eh bien, ce n’est pas évident pour tout le monde car j’ai beaucoup entendu dire que les devoirs étaient interdits en primaire. 

J’aime bien ce genre de questions alors je suis allée vérifier. Sur le site du service public, il y a la question : « Peut-on donner à un élève du primaire des devoirs à faire à la maison ? » et la réponse, qui a été vérifiée le 13 décembre 2021 par la Direction de l’information légale et administrative,  au moment où j’écris cet épisode, c’est « Oui. Toutefois, un enseignant ne peut pas donner à ses élèves un travail écrit à faire en dehors de la classe. Les devoirs à faire à la maison peuvent être un travail oral (lecture ou recherche par exemple) ou des leçons à apprendre. »

Donc l’enfant peut apprendre sa leçon, ou sa poésie, lire, effectuer des travaux de recherche, épeler des mots, mais visiblement surtout pas les écrire ! Chacun pense ce qu’il veut, et chacun pourra aller râler ou pas auprès du maitre ou de la maitresse de ses enfants, je vous laisse prendre vos responsabilités en la matière. Néanmoins, en CP par exemple, je pense que l’écriture est importante donc il ne me parait pas aberrant de donner des travaux d’écriture à ses élèves. Et même plus tard, écrire pour écrire un texte, y réfléchir, l’organiser, etc. 

Bon, je ne veux pas rentrer dans ce débat surtout qu’il y a des conditions socio-économiques qui entrent en jeu. 

Toujours est-il que maintenant que l’on sait que les devoirs sont autorisés, comment les faire faire dans la joie et la bonne humeur ? 

Je pense qu’il faut baisser la pression sur les devoirs. Nos enfants passent toute la journée à l’école à se bourrer le crâne de connaissances, ce n’est pas parce qu’ils ne font pas les 20/30 minutes en plus le soir à la maison que leur avenir est remis en cause. Vous êtes d’accord ? Et ce même si l’enfant est en difficultés scolaires. Ça vous parait peut-être complètement aberrant ce que je viens de dire parce que si l’enfant est en difficultés scolaires, au contraire, il faut qu’il travaille plus ! Si vous pensez ça, c’est sûrement que vous avez peur pour votre enfant. Vous avez peur qu’il ne trouve pas sa place dans la société, qu’il galère à la trouver, qu’il soit toujours considéré comme le cancre de la classe, ou pire qu’il soit chômeur toute sa vie. Si vous pensez ça, je pense que vous vous trompez. C’est vous que vous essayez de rassurer déjà. Et puis, gardez en tête qu’à l’école, on ne valorise que deux formes d’intelligence alors que l’intelligence prend de multiples formes selon la théorie de Howard Gardner élaborée en 1983. A l’école sont valorisées uniquement les maths, c’est-à-dire l’intelligence logicomathématique et le français, c’est-à-dire l’intelligence linguistique. Il n’est fait aucun cas de l’intelligence musicale, visuelle spatiale, corporelle kinesthésique, naturaliste, interpersonnelle ou sociale, et de l’intelligence intrapersonnelle. Plusieurs d’entres elles sont liées les unes aux autres mais l’intelligence dans laquelle on excelle n’est pas forcément l’une des deux qui sont travaillées et valorisées à l’école. Croyez-vous qu’un garde forestier a besoin d’avoir une intelligence linguistique hyper développée ? Je ne crois pas et pourtant, ce n’est pas parce qu’on est garde forestier qu’on est malheureux, n’est-ce pas ? 

Ce que je veux dire c’est que si votre enfant n’est pas bon à l’école, eh bien, vous savez dans quoi il n’est pas bon, vous pouvez alors chercher dans quoi il est bon, ce qui le passionne car il y a forcément quelque chose. On est tous doué dans quelque chose, il suffit de trouver quoi !

Si les devoirs se passent mal quand vous voulez les faire avec votre enfant, essayez de voir comment ça se passe quand il les fait tout seul ou quand il les fait avec quelqu’un d’autre. Ça peut être le coparent, la tata, le tonton, la mamie, le grand frère ou la grande soeur… Ça peut être l’étude aussi. Vous pouvez essayer tout ça. 

Vous pouvez aussi essayer de l’autoriser à ne pas les faire. Oui, oui, vous m’avez bien entendu. Vous pouvez l’autoriser à ne pas faire ses devoirs. Prenez ça comme une expérience. Qu’est-ce qu’il se passe alors ? Est-ce qu’il se fait rabrouer par son maitre ou sa maitresse ? Est-ce que ses résultats scolaires baissent ? Dans ce cas, votre enfant aura vu quelle est la conséquence à ne pas faire ses devoirs. Nos actes et nos choix ont des conséquences, je le répète souvent. C’est une façon de plus d’apprendre à votre enfant d’assumer ses choix et ses actes. 

Ou est-ce qu’au contraire, ça passe complètement inaperçu ? C’est-à-dire que ça n’a aucun effet sur ses résultats scolaires. S’ils étaient bons, ils le sont toujours, s’ils étaient moins bons, ils le sont toujours. Et le maitre ou la maitresse ne le remarque pas. 

Alors là, je vous laisse en tirer les conséquences. D’un côté, vous voulez apprendre à votre enfant à respecter les consignes de son maitre ou de sa maitresse, vous voulez qu’il le ou la respecte dans sa figure d’autorité. Mais de l’autre, vous économisez un moment désagréable à votre enfant et à vous. 

La question se pose et je suis sûre que vous trouverez la solution qui s’accordera le mieux avec tout ça. 

Comment se passent les devoirs chez moi ?

Je vais vous dire ce que je fais moi. Je veux vous préciser que mon fils est, pour l’instant, je ne sais pas combien de temps ça va durer, très à l’aise à l’école. Pour lui, tout est un peu facile. Il n’a pas beaucoup d’effort à fournir pour apprendre. Et il aime apprendre, il est curieux de tout. Donc je ne suis pas derrière son dos, d’autant qu’il réclame de l’autonomie en la matière. Je le laisse faire ses devoirs tout seul. J’ai quand même l’oeil et l’oreille qui trainent. Parfois, il les fait parfaitement seul, parfois, je dois revoir avec lui mais plus pour vérifier qu’il sait faire que pour lui apprendre donc c’est très facile pour moi et j’en suis consciente. Et parfois, il ne veut pas les faire. C’est assez rare. Donc dans ce cas, je ruse. Je l’autorise à faire à moitié ses devoirs et un peu plus tard dans la soirée, je me débrouille pour lui poser une ou deux questions. Et parfois, il ne les fait pas du tout, ça n’est pas arrivé souvent, mais ce jour-là, j’ai compris qu’il en avait ras le bol de l’école, des devoirs et d’apprendre ou plutôt réviser et il n’a pas fait ses devoirs. 

Alors bien sûr, je ne lui dis pas « d’accord, tu as le droit de ne pas faire tes devoirs ». Je lui dis « je comprends que tu sois fatigué, et puis ce texte tu l’as déjà lu, tu en as marre, donc on fera les devoirs à un autre moment ». On ne les a pas faits à un autre moment mais il n’y a eu aucune conséquence. 

J’ai conscience que ce n’est pas pour tous les enfants et les parents pareil ! J’ai conscience d’avoir beaucoup de chance que ce ne soit pas un problème pour moi, et pour l’instant, parce qu’il n’est pas dit qu’il en soit toujours ainsi… 

Je voulais juste vous donner un exemple parce que j’use de plusieurs techniques. Je m’adapte à la situation qui se présente à moi au moment où elle se présente. 

Donc pour résumer, restez cool par rapport aux devoirs de vos enfants. Baissez votre niveau d’exigence. Ayez en tête que l’école ne valorise que deux formes d’intelligence sur les huit formes qui existent. Et adaptez-vous à l’humeur de votre enfant chaque soir ou chaque weekend quand il est temps de faire les devoirs. 

coach parental