Episode 41 – Quand on est à bout

C’est une situation qui m’arrive rarement mais qui m’est arrivée il n’y a pas longtemps. Et, je me suis dit que ça devait vous arriver aussi, cher.ère.s auditeur.ices et que ça valait bien le coup de faire un épisode sur le sujet. 

Je vous décris la situation que j’ai rencontrée. C’était un soir quand mes enfants étaient rentrés de l’école et que j’étais seule avec eux. J’étais fatiguée et mes enfants aussi. Ça commence souvent comme ça, n’est-ce pas ? Donc il y avait beaucoup de chouineries, de pleurs, de râleries. En tout cas, trop pour moi à ce moment-là. Je prenais sur moi en utilisant tous les outils que je connais, que je vous transmets via ce podcast et l’accompagnement que je propose et que j’applique moi-même au quotidien. L’élément déclencheur a été que mon fils m’a désobéi sur quelque chose que je ne pouvais pas laisser passer et malgré toutes mes ressources, je n’ai pas su me contrôler et j’ai crié. Mon fils a évidemment crié aussi, sa petite soeur, apeurée par tant de colère s’est mise à pleurer, bref, scénario catastrophe pour moi ! 

J’étais à bout. La journée que j’avais passée, sans doute la nuit précédente et l’attitude de mes enfants m’ont poussée à bout. 

Donc évidemment, pendant que je criais sur mon fils, qu’il criait aussi et que j’essayais de le faire obéir, je me rendais bien compte que ce n’était pas du tout satisfaisant pour moi. Mais j’étais emportée par la vague. Donc, je l’ai laissé passer en essayant de ne pas me faire entraîner trop loin. Je savais que mon lobe frontal était quelque peu déconnecté ce qui avait pour conséquence de subir mes émotions plutôt que de les gérer et que la reconnexion n’allait pas se faire en un claquement de doigts. J’ai géré la situation comme j’ai pu, en réconfortant mes enfants pour qu’ils retrouvent leur calme. De toute façon, il était tard et c’était l’heure d’aller au lit. Donc évidemment, ils avaient besoin d’être calmés pour trouver le sommeil

Une fois qu’ils étaient couchés, que je me suis retrouvée seule, eh bien, j’ai continué ma soirée comme si de rien n’était. J’ai parlé de cette situation à mon mari et je suis passée à autre chose. J’ai réussi moi-même à me calmer. Mais surtout, je n’ai pas culpabilisé !

Je me suis dit qu’un pétage de plomb pouvait arriver à tout le monde. Et même quand on est coach parental et qu’on accompagne justement les parents à moins péter les plombs. Je me suis rappelée que j’étais humaine, que j’avais le droit à l’erreur et j’ai analysé la situation pour pouvoir l’éviter à l’avenir. 

Et c’est la façon dont je vous invite à réagir. Si vous m’écoutez depuis longtemps, je pense que vous mettez des choses en place pour améliorer votre parentalité. C’est tout à votre honneur. Bravo pour ça ! Oui mais voilà, il n’est pas toujours facile d’être constant.e et d’appliquer de nouvelles habitudes en permanence. Les anciennes habitudes ont la vie dure et ont tendance à revenir facilement puisque ce sont vos automatismes. Et un jour pas fait comme les autres, on craque. On est à bout. 

Et alors ? 

Eh bien, alors, vous avez le droit ! Vous avez complètement le droit d’être à bout. Vous êtes comme moi, un être humain, parfaitement imparfait.e. Vous avez le droit d’avoir vos faiblesses. 

Identifier l’élément déclencheur et le contexte général vous mettant à bout

En général, il y a un élément déclencheur. Pour la situation que je vous ai décrite, c’est que mon fils me désobéissait sur quelque chose qui était important pour moi. 

Et, il y a aussi un contexte général. Dans mon cas, j’avais eu une petite nuit et une grosse journée. Comme j’en ai souvent d’ailleurs, ce qui n’explique pas forcément le pétage de plomb mais… c’était un mauvais jour. 

Et pour vous, c’est pareil. L’élément déclencheur est sûrement quelque chose de la première importance pour vous. Pour vous ! Pas pour moi, pas pour votre voisin, pour vous ! Vous pouvez l’identifier. S’il vous arrive d’être à bout dans différentes situations, il doit y avoir un tronc commun, tout de même. Quand vous aurez trouvé l’élément déclencheur, il sera plus facile pour vous de les anticiper et donc de les éviter. 

Analysez également le contexte : quand vous savez que telle ou telle chose a joué un rôle la dernière fois que vous étiez à bout, premièrement, essayez de l’éviter, et deuxièmement, lorsque ce même contexte est réuni, vous savez que le pétage de plomb est tout proche et vous vous ménagerez. 

C’est vraiment l’addition de l’élément déclencheur ET du contexte qui mène au pétage de plomb. Un jour où l’un.e de vos enfants fait, réalise l’élément déclencheur mais que vous êtes frai.s.che et dispo, ça ne vous mènera pas à bout. Et vice-versa. Un jour où le contexte est présent pour un bon pétage de plomb mais que vos enfants se tiennent à carreau, il n’y aura pas de pétage de plomb…

J’insiste vraiment sur le fait que les identifier, donc identifier le contexte général et l’élément déclencheur sont très importants car ça vous permettra de les anticiper et les éviter. 

Après la crise

De plus, une fois que la crise est passée, et que tous les esprits sont calmés, vous pouvez, et je dirais même que vous devez reparler de tout cela avec vos enfants. Pourquoi maman ou papa a réagi ainsi, qu’est-ce que vous attendez de vos enfants, quel engagement vous prenez auprès de votre enfant pour que ça ne se reproduise pas… Vous pouvez même vous excuser auprès de votre enfant de l’attitude que vous avez eue. C’est sûrement inhabituel et peut-être difficile à faire pour vous mais c’est un super exemple pour vos enfants ! Vous agissez d’une mauvaise façon, vous vous excusez. Oui, les adultes et les parents peuvent s’excuser ! 

Vous pouvez également, à cette occasion, chercher avec votre enfant quel a été son élément déclencheur et son contexte. Qu’est-ce qu’il s’est passé dans sa journée ? Surtout que s’il a été a l’école, vous ne savez pas ce qu’il a fait et il a pu se passer quelque chose qui l’a particulièrement contrarié, blessé ou heurté. Vous pouvez aussi, en adaptant à son âge bien sûr, parler des émotions qu’il a ressenties, essayer de nommer précisément les émotions en allant un peu plus loin que les termes généraux comme « colère ». Pour cela, j’ai élaboré une liste des émotions que vous pouvez télécharger gratuitement en vous abonnant à la newsletter de la boîte à outils des parents. Demandez-lui aussi quel a été son ressenti physique. Est-ce que ses yeux ont brûlé, sa gorge s’est serrée, ses mains ont tremblé, ses jambes étaient en coton, son souffle était saccadé, son ventre s’est contracté… ?

Je trouve qu’un moment comme ça est une très bonne occasion pour que votre enfant apprivoise ses émotions surtout des émotions aussi intenses. Il aura ainsi plus conscience de ce qu’il ressent émotionnellement et physiquement. 

L’idée est donc de reparler de la crise de façon calme et apaisée (une fois, bien sûr, qu’on est calme et apaisé), comme si c’était un évènement banal, comme quelque chose qui n’est pas tabou, et qui est complètement normal. Parce que, je le répète, nous sommes des êtres humains et nous ne faisons pas que des choses parfaites ou positives. Nous faisons plein de choses négatives et c’est le propre de l’être humain. Plutôt que de se flageller à chaque fois qu’on fait un pas de côté, accueillons cet écart, acceptons-le et traitons-le. Et surtout, montrons cela à nos enfants ! 

Montrons que nous ne sommes pas infaillibles et que ça fait partie de la vie, tout simplement. Je pense que nous sommes plus heureux.se ainsi et que vos enfants seront également plus heureux.ses ainsi. 

coach parental