Episode 53 – Ce qui se passe dans la tête de nos enfants : désamorcer une crise

Par cet épisode, je continue et je clos cette série de trois épisodes sur le cerveau. Il y a plusieurs façons d’aborder le cerveau. La semaine dernière, je vous ai parlé des cerveaux droit et gauche. Je vais aujourd’hui vous parler de l’intégration du cerveau d’en bas et d’en haut. Je m’appuie toujours sur le livre génial « le cerveau de votre enfant » aux éditions Marabout, écrit par les docteurs Bryson et Siegel.

En bas se trouve le cerveau reptilien qui commande les fonctions primaires. Ce sont les choses que l’on fait sans y réfléchir et les besoins physiologiques que l’on a. 

Les docteurs Bryson et Siegel proposent d’imaginer le cerveau comme une maison avec un étage. Au rez-de-chaussée se trouve donc la cuisine, les toilettes, la salle de bains, etc. Les besoins primaires de tout foyer. 

En haut du cerveau se trouve le cortex cérébral incluant le cortex préfrontal. C’est le siège de la réflexion plus globale et complexe. Dans notre maison, ce serait un bureau ou une bibliothèque avec plein de fenêtres qui vous permettraient de voir, de comprendre et d’analyser votre environnement et les situations qui se présenteraient à vous. 

Le cerveau du bas est primitif, le cerveau du haut est sophistiqué. 

Le cerveau d’en haut permet à nos enfants de prendre des décisions, de planifier, d’avoir une certaine morale, d’être empathique, de contrôler leur corps et leurs émotions… C’est en se servant de ce cerveau d’en haut que nous devenons mature, pour ainsi dire. 

Si on ne se sert que du cerveau d’en bas, nous avons des réactions primaires, basiques, méchantes, amorales…

Mais, sachez qu’il y a un escalier entre le rez-de-chaussée de votre maison mentale et l’étage. Escalier nécessaire à une bonne communication entre le cerveau d’en bas et d’en haut ! L’idée est que le cerveau d’en haut puisse contrôler le cerveau d’en bas et ainsi calmer les réactions intenses qu’il génère. Mais il faut également que l’escalier puisse être descendu afin que l’on puisse prendre des décisions en fonction de ce que l’on ressent émotionnellement et physiquement. 

Toutefois, attendre de ses enfants qu’ils se servent principalement du cerveau d’en haut est beaucoup leur demander sachant que le cortex préfrontal et surtout le néocortex sont les dernières parties du cerveau à se former. La maturation complète du cerveau n’intervient qu’autour de la 25ème année ! En revanche, le cerveau reptilien, le cerveau bas, donc, est formé dès la naissance. 

Il est très important de comprendre ça car ça signifie que les caractéristiques que j’ai citées plus haut ne sont pas atteignables pour les enfants, du moins pas en totalité. Ce qu’on attend de nos enfants (prendre de bonnes décisions, réfléchir avant d’agir, avoir de l’empathie, maîtriser son corps et ses émotions) dépend d’un cerveau qui est encore en chantier. La conséquence est qu’on ne peut pas demander à nos enfants d’être toujours à l’étage de la maison. Ils sont parfois bloqués en bas. 

désamorcer une crise

Une autre donnée est à prendre en compte, c’est l’amygdale.

L’amygdale fait partie du cerveau d’en bas. Son rôle est d’analyser et d’exprimer rapidement certaines émotions. C’est grâce à elle que vous réagissez vite dans une situation qui appelle une réaction rapide. Par exemple, la bouteille d’eau est en train de se renverser, vous criez « attention la bouteille » et vous vous empressez de la relever. Mais, en criant, vous aurez peut-être fait peur à vos enfants, vous aurez peut-être l’impression d’avoir une réaction démesurée. Ce n’est pas de votre faute, c’est votre amygdale ! Elle s’est emparée de votre cerveau et est passée en mode survie, si je puis dire. Si votre cerveau d’en haut avait gardé le contrôle, il aurait peut-être vu que ce n’était qu’une bouteille d’eau et qu’il n’y avait probablement pas besoin de crier. Mais ce n’était pas possible dans ce cas-là car votre amygdale a pris le contrôle. 

Quand on est adulte, on arrive rapidement à reprendre le contrôle. L’amygdale se déverrouille et notre cerveau d’en haut est de nouveau accessible. 

Mais quand on est enfant et que notre cerveau d’en haut n’est pas fini, c’est beaucoup moins facile. L’amygdale agit vraiment comme un sas de sécurité bloqué dans tout un tas de situations, pas seulement les situations d’urgence. 

Alors comment faire lorsque le cerveau d’en bas a pris le contrôle du cerveau d’en haut ? 

Je vous donne un exemple, je trouve que c’est toujours beaucoup plus facile à comprendre de cette façon. 

Votre enfant vous lâche un « t’es méchante ! » hargneux. Je pense que la réaction immédiate de tout parent est de lui répondre que vous ne voulez pas que votre enfant vous dise ça. Si vous faites ça, vous faites enrager le cerveau d’en bas. C’est-à-dire que vous continuez à vous adresser au cerveau d’en bas ce qui a pour conséquence de faire monter la colère. 

Ce que les docteurs Bryson et Siegel préconisent est de s’adresser au cerveau d’en haut. Essayez de comprendre pourquoi, de discuter, de négocier. Vous pouvez demander à votre enfant pourquoi vous êtes méchante à ses yeux. Vous pouvez aussi lui suggérer des idées : « c’est parce que je t’ai demandé (ou interdit) de faire ça ? ». Vous pouvez ensuite expliquer vos raisons. N’en faites pas trop tout de même : en 4 ou 5 phrases, ça doit être réglé. Et vous pouvez conclure cette discussion en lui disant : « c’était comme ça, parce que… maintenant, si tu veux continuer à bouder, libre à toi. Sinon, on peut essayer de trouver une solution ». 

Ça c’était la solution à la crise. 

Maintenant, je vous propose d’exercer le cerveau supérieur de votre enfant pour justement éviter ce genre de crises. C’est comme un muscle qui se travaille : plus vous allez le solliciter, plus il va se développer, se modeler, se renforcer.

Pour cela, laissez-les prendre des décisions et arrêtez d’en prendre pour eux. Bien sûr, quand ce sont des décisions qu’ils peuvent prendre. Mais il y en a plein dans la journée ! Que ce soit l’heure de réveil, une organisation quelconque, un choix d’activité, une solution à un problème qu’ils rencontrent. Arrêtez d’imposer et demandez-leur comment ils veulent faire. Ça peut même se résumer à la tenue qu’ils veulent porter. Toutes les occasions sont bonnes ! 

Aidez-les à contrôler leurs émotions. Pour ce sujet, je vous renvoie à l’épisode 4 du podcast « l’accueil des émotions » et je vous rappelle que vous pouvez télécharger gratuitement la liste des émotions de la boîte à outils des parents.

Quelque chose qui est également très puissant est d’aider les enfants à apprendre à se connaître. Au lieu de demander s’il a aimé quelque chose, demandez-lui pourquoi il a aimé, ce qu’il a ressenti… Posez des questions précises qui entraînent votre enfant à réfléchir sur lui. 

Vous pouvez également apprendre à vos enfants l’empathie en lui demandant par exemple « qu’est-ce qu’untel a ressenti d’après toi ? », « Pourquoi telle personne a agi ainsi d’après toi ? ».

Et de façon générale, quand votre enfant vous pose une question, demandez-lui ce que lui en pense avant de donner la réponse. 

« Pourquoi les abeilles font « bzzzz » quand elles passent près de nous ? » 

« Pourquoi le ciel est bleu ? »

« Pourquoi ma maîtresse est absente ? »

Ne donnez pas la réponse mais dites « à ton avis ? ». Votre enfant n’aura peut-être pas la réponse non plus mais au moins il aura réfléchi quelques secondes. 

enfant crise

Et lorsque le cerveau d’en bas contrôle le parent ?

En tant que parent, nous pouvons remarquer quand notre cerveau d’en bas, voire notre amygdale, a pris le dessus : c’est quand nous avons des réactions soudaines, disproportionnées, qui ne nous ressemblent pas et que nous ne comprenons pas. En d’autres termes, c’est quand vous pétez un câble ! Et pour savoir comment réagir dans ce cas-là, je vous renvoie à l’épisode 41 du podcast « quand on est à bout » dans lequel je parle en détail de ce moment si difficile à traverser !

J’en ai fini avec ma série de trois épisodes consacrés au cerveau de notre enfant. J’espère qu’elle vous a plu ! Si la question vous intéresse, je vous invite vraiment à lire « le cerveau de votre enfant » qui est une mine d’or pour les plus curieux ! 


Cet épisode fait partie du parcours d’écoute consacré aux étapes de vie tout comme les épisodes :


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