Episode 76 – Pourquoi n’ai-je pas d’autorité ?

Ah, l’autorité ! Grande question n’est-ce pas ? Pourquoi les enfants ne font-ils pas exactement ce qu’on leur demande au moment où on leur demande ? C’est la question que me posent beaucoup de mes coachés

Si vous avez écouté plusieurs épisodes du podcast, vous avez un début de réponse. Je pense notamment aux épisodes sur le cadre (8), sur la crise de l’enfant (3), sur les neurones miroirs (22), bien sûr, sur la désobéissance (29) mais le plus important est l’un des épisodes les plus écoutés donc peut-être l’avez-vous déjà écouté, c’est le premier épisode du podcast « comment parler aux enfants ? ». 

Si vous arrivez à appliquer tout ce que je vous recommande dans ces épisodes, je suis sûre que vous n’avez pas de problème avec l’autorité, que vos enfants vous écoutent et font ce que vous leur demandez. Mais il n’est pas toujours évident d’appliquer toutes mes recommandations, dans l’absolu mais aussi confronté à la réalité de la vie. 

Qu’est-ce que l’autorité ? 

Le Robert propose plusieurs définitions :

1. Droit de commander, pouvoir d’imposer l’obéissance. L’autorité du supérieur sur ses subordonnés (➙ hiérarchie). Autorité reconnue, contestée.

2. Les organes du pouvoir. Les représentants de l’autorité.

3. Pouvoir de se faire obéir. Ce professeur a de l’autorité.

4. Supériorité de mérite ou de séduction qui impose l’obéissance, le respect, la confiance.

Je pense que lorsqu’on parle d’autorité en matière d’éducation d’enfants, nous sommes plus dans la 3ème définition : pouvoir de se faire obéir. Mais qui nous donne ce pouvoir ? Les enfants ? Nous-mêmes ? 

Je pense que c’est un mélange des deux. Nous nous faisons obéir si nous nous en reconnaissons le droit, si nous appliquons la bonne méthode, si nous avons la confiance de nos enfants. Et nos enfants nous obéissent s’ils comprennent l’intérêt pour eux de nous obéir, s’ils ont envie de le faire, s’ils sont disposés à le faire. Je pense que si vous demandez à votre enfant de mettre ses chaussures pour aller lui acheter un jouet, il les mettra immédiatement parce qu’il aura envie que vous lui achetiez un jouet. Mais on peut comprendre qu’il soit un peu plus réticent à mettre ses chaussures pour aller faire quelque chose qu’il aime moins comme aller chez le médecin ou à l’école, selon les goûts et intérêts de chacun. 

Vous êtes beaucoup à ne pas aimer le mot obéissance et je dois dire que je partage vos réticences. L’obéissance pour moi est aveugle : quelqu’un dit, on doit faire. Aussi simple que ça. Je trouve que c’est le cas dans certaines situations quand il y a un danger. On ordonne à notre enfant d’un ton pressant et élevé de ne pas faire ou de faire quelque chose. On ne laisse pas place à la discussion et on veut que notre enfant fasse ce qu’on lui demande immédiatement. Point barre. 

Dans les autres cas, je préfère le mot coopération. Il y a un certain nombre de choses obligatoires à faire (se laver les mains, mettre la table, faire ses devoirs, ranger sa chambre, se laver…) et ces actions doivent être faites pour que tout se passe bien et qu’on passe de meilleurs moments ensemble. Si on doit râler pour la moindre action à faire, c’est fatigant. Et c’est en général dans ces cas-là que vous trouvez que votre enfant ne vous obéit pas et que vous n’avez pas d’autorité. 

Alors comment avoir de l’autorité envers ses enfants ? 

Il y a une technique que je veux tout de suite exclure : la peur. Si vos enfants vous obéissent parce qu’ils ont peur, pardonnez-moi mais ce n’est pas la bonne technique. Ça fonctionne, j’en conviens, mais à quel prix ? Au prix que votre enfant ait peur de vous. Ça veut dire qu’il va vous craindre, qu’il ne va pas se confier à vous s’il rencontre un problème parce qu’il aura peur de votre réaction (et parmi les choses qu’il va vous cacher, il y aura des choses qu’il sait qu’il n’a pas le droit de faire. Il va tout de même braver l’interdit, peut-être parce qu’il ne le comprend pas, peut-être par provocation, ce qui signifie qu’il ne vous prend pas au sérieux…) ; ça veut dire aussi qu’il ne va pas vous penser fiable, qu’il ne va pas penser que vous serez toujours là pour lui. 

Tout ça signifie que vous n’êtes pas un roc pour votre enfant, vous n’êtes pas sa béquille, son guide dans la vie, peut-être aussi que ça signifie que vous ne ressentez pas d’amour inconditionnel pour votre enfant ou que lui n’a pas l’assurance de votre amour inconditionnel. 

Donc la peur n’est pas la bonne technique. Essayez de sortir du rapport de force. Le rapport de force n’a pas lieu d’être dans la relation avec votre enfant. Il n’y a pas de dominant/dominé dans la relation avec votre enfant (il ne devrait pas y en avoir du tout d’ailleurs, mais c’est mon côté bisounours qui s’exprime). 

Je précise, et j’en aurai fini avec la peur, que parfois c’est l’un des deux parents qui joue ce rôle de père Fouettard. C’est d’ailleurs souvent les papas. La maman va être douce et compréhensive mais elle aura la technique de « si tu ne m’écoutes pas, j’en parle à papa ». Et le papa sera donc la police. Le papa se sentira sûrement fier d’obtenir autant de coopération de la part de ses enfants. Il pourra dire à sa femme « tu vois, ils m’écoutent ». Il se sentira donc fort et… dominant. Le revers de la médaille c’est que la maman n’aura jamais de crédibilité auprès de ses enfants et donc d’autorité car tout devra être cautionné par papa. Et l’autre revers de la médaille c’est que si le papa se sent dominant, l’enfant se sentira dominé, rabaissé, dénigré. Il se forgera également la conviction que dans la vie, il y a des forts et des faibles et qu’il vaut mieux être dans la catégorie des forts. C’est sûrement difficile d’être dans les forts quand on est enfant mais si on y réfléchit bien, il y a toujours des plus faibles que soi : un petit frère ou une petite sœur, un enfant plus jeune dans la cour de l’école. L’enfant prendra alors exemple sur ce qu’il vit et imposera ses désirs aux plus faibles. C’est le combo gagnant pour avoir des enfants harceleurs et des frères et sœurs qui ne s’entendent pas. 

Donc sortez du rapport de force ! 

Il y a une alternative à la peur et au rapport dominant/dominé. C’est l’amour, la confiance, la compréhension, l’empathie, la constance, le respect, la tolérance, le droit à l’erreur…

Mon côté bisounours revient à la charge ! Mais je suis une idéaliste et je suis persuadée qu’un autre chemin est possible, un autre chemin que la violence, la haine et la guerre. Je veux croire que vous aussi vous pensez ça et que vous êtes prêt.e à transmettre cette pensée, cette croyance à vos enfants ! 

Si vos enfants savent à quoi s’en tenir, c’est-à-dire que si vous êtes constant.e dans vos autorisations ou vos interdictions, si vous essayez de comprendre vos enfants même quand vous n’avez pas le temps, si vous les laissez s’exprimer et vous dire ce qu’ils ont sur le cœur, ils vous croiront. C’est-à-dire que si vous leur dites quelque chose, ils seront prêts à l’entendre et à s’exécuter. 

Si vos enfants comprennent l’intérêt qu’ils ont à faire ce que vous leur demandez de faire, s’ils comprennent que dans certains cas, ils n’ont pas le choix et qu’ils doivent faire des choses qu’ils n’ont pas envie de faire (parce que la vie est parfois comme ça), s’ils comprennent qu’ils peuvent vous rendre service et que vous les remercierez pour ça, ils vous écouteront et feront ce que vous leur demandez. 

Si vous savez être ferme et que vous allez au bout de vos idées, c’est-à-dire que si vous dites non c’est non et oui c’est oui, ils sauront à quoi s’en tenir là aussi. Vous n’aurez donc pas de discussion à n’en plus finir, de négociations sans fin. Vous ne vous répéterez plus 20.000 fois non plus. 

Si vous avez mis fin à la punition dont je parle dans l’épisode 19, ils se confieront à vous, même quand ils auront fait des choses qu’ils savaient ne pas avoir le droit de faire. Ce qui signifie que quand ils ne savent pas s’ils ont bien agi ou pas, ils prendront le « risque » de vous le dire pour avoir votre avis car ils sauront qu’ils peuvent compter sur vous en toutes circonstances et que vous les aiderez plutôt que vous les punirez. 

Bref, si l’amour, la confiance, la compréhension, l’empathie, la constance, le respect, la tolérance et le droit à l’erreur dictent la relation que vous avez avec vos enfants, ils coopéreront avec vous ! 

Donc l’autorité n’est pas quelque chose qui se fait en une seule fois, encore une fois je n’ai malheureusement pas de baguette magique pour vous rendre autoritaire et vos enfants obéissants. C’est quelque chose qui se travaille jour après jour après jour après jour. Vos efforts en la matière devraient être constants et réguliers et progressivement vos enfants coopéreront avec vous ! 


Cet épisode fait partie des parcours d’écoute « être parent » et « situations quotidiennes », tout comme les épisodes suivants :


Pour en finir avec les crises dans la famille liées à un manque d’autorité, faites-vous aider !

coach parental