Episode 24 – La confiance en soi

Je vais vous parler de la confiance en soi pour vous, l’adulte qui me lit, et pour les enfants.

Qu’est-ce que la confiance en soi ?

Figurez-vous que j’ai bien eu du mal à la définir par moi-même en me disant « tiens, qu’est-ce que c’est la confiance en soi ? » mais aussi à trouver une définition.  Et pourtant, d’aussi loin que je me souvienne, on m’a toujours dit que je manquais de confiance en moi. Je prenais ça pour acquis car cette appréciation venait de personnes qui, d’après moi, avaient plus d’expérience et donc avaient  les compétences pour me dire que je manquais de confiance en moi. Et moi, je pensais « oui, oui, c’est vrai, je manque de confiance en moi ». Je suis sûre que vous reconnaissez là une étiquette, si vous avez écouté l’épisode 7 de Boîte à outils des parents.

Et ce n’est que des années plus tard, dans des circonstances un peu particulières que je ne vais pas développer ici car ça n’a pas beaucoup d’intérêt, l’important est que je me suis demandée si c’était vrai. Si vraiment, je n’avais pas confiance en moi. Parce que je portais ce manque de confiance en moi, cette étiquette comme un fardeau. Mais, au fond de moi, je n’étais pas convaincue que je n’avais pas confiance en moi. 

C’est comme ça que j’ai commencé ma réflexion autour de la confiance en soi. Donc, j’ai cherché ce qu’était le manque de confiance en soi ou la confiance en soi. Et j’ai été un peu déçue de ce que j’ai trouvé car en réalité, c’est tout et n’importe quoi. Chacun a sa petite théorie sur le sujet. Que ce soit en développement personnel, en sport, dans les études…

Alors, je vais vous proposer la mienne : 

Je pense que l’on confond beaucoup la confiance en soi avec l’assurance. L’assurance est liée à une tâche, une situation en particulier. C’est circonstanciel. Ça rejoint l’expérience. 

Par exemple, quand je fais une soupe, j’ai confiance en ma capacité à faire une soupe. Il y a peu de risques que je la rate. J’en ai fait des centaines, j’ai donc beaucoup d’expérience et je ne trouve pas ça compliqué de couper des légumes, les faire cuire et les mouliner. Je n’ai pas de doutes quant à la réussite de ma soupe. J’éprouve donc de l’assurance dans ce que je fais. 

Par contre, quand je fais quelque chose pour la première fois, par exemple, une brioche pour rester dans l’exemple culinaire, j’ai entendu dire que c’était assez délicat à faire, que la levée pouvait ne pas se faire pour une raison inconnue… Donc, quand j’ai commencé ma brioche pour la première fois, je n’avais pas l’assurance de la réussir. Donc j’ai abordé la chose en me disant que j’essayerai et qu’après tout, même si c’était raté, à partir du moment où je mettais de la farine, du sucre, du lait et du beurre, ça devrait être mangeable. Et si je ratais cette brioche, j’aurais acquis une expérience qui me permettrait peut-être de réussir la suivante…

La confiance en soi est à mon avis, aussi confondue avec l’extraversion. Lorsqu’on voit une personne extravertie, c’est-à-dire qu’elle va facilement vers les autres, on n’entend qu’elle toute la soirée, elle nous a fait rire, mais rire ! Et pour autant, si vous pensez à Chandler dans Friends, il est loin d’avoir confiance en lui, n’est-ce pas ? Il éprouve de l’assurance dans certaines circonstances mais pas dans d’autres. 

Pour reprendre mon exemple personnel, je pense que lorsqu’on me disait que je n’avais pas confiance en moi, c’est en réalité que je suis quelqu’un de plutôt introvertie, surtout quand j’étais plus jeune, et que je manquais d’expérience et donc d’assurance. 

Et la confiance en l’autre ?

Reprenons la base de l’expression confiance en soi et inversons-la pour avoir en tête « confiance en l’autre ». Vous savez pourquoi vous avez confiance en quelqu’un d’autre ? Car cette personne est honnête avec vous, respectueuse, bienveillante, amicale… 

Donc la confiance en soi serait exactement la même chose envers vous. Vous vous faites confiance si vous êtes honnête avec vous-même même si c’est dur, quand vous êtes respectueux.se de vous, que vous êtes bienveillant.e envers vous et que vous êtes votre meilleur.e ami.e. En bref, que vous êtes dans votre équipe

Les freins à la confiance en soi

Le doute comme facteur d’absence ou de manque de confiance en soi.

On a une décision à prendre et on n’arrive pas à se décider. Je précise au passage que savoir prendre des décisions est une compétence qui peut s’apprendre et je peux vous aider à le faire dans le cadre de l’accompagnement de coaching personnalisé que je propose. 

Le doute n’est pas à bannir en soi. Quand il est circonscrit, maitrisé, cantonné, n’est pas du tout mauvais. Au contraire, il nous permet de nous dépasser, de développer notre créativité.

Le perfectionnisme est également un facteur d’absence ou de manque de confiance en soi. 

Si on ne fait pas parfaitement, on est une moins que rien, on ne vaut pas la peine, il faudrait tout jeter à la poubelle. Nous sommes pour nous, le pire juge que nous pourrions être. 

Notre discours intérieur est fondamental pour la confiance en soi. 

Si on s’insulte quand on rate quelque chose ou si face à une situation nouvelle, on se dit « je ne vais pas y arriver, je vais encore galérer, je ne sais même pas pourquoi j’essaye ». C’est auto-réalisateur. Alors que si on se dit « je ne l’ai jamais fait, mais il n’y a aucune raison pour que je n’y arrive pas, si d’autres y arrivent, c’est que c’est possible et si c’est inédit, il doit y avoir un moyen d’y parvenir ». C’est aussi auto-réalisateur et il vaut mieux que ça se réalise dans ce sens-là.

Comment avoir confiance en vous ? 

Parlez-vous gentiment, soyez dans votre équipe en toutes circonstances (il ne s’agit pas de l’être seulement quand tout va bien et que tout est facile), soyez honnête et respectueux.se envers vous-même. 

Vous faites confiance à certaines personnes, vous pouvez avoir confiance en vous. 

Le reste, c’est de l’assurance qui s’acquiert par l’expérience. 

Parlons maintenant des enfants et de la confiance que les enfants ont en eux.

Là aussi, il est facile de confondre la confiance en soi et l’assurance. 

Les enfants ont peu d’assurance car ils ont peu d’expérience (c’est normal, puisqu’ils ont vécu moins longtemps que nous, adultes). 

Concernant l’assurance, je pense que, d’une part, ça dépend du tempérament de l’enfant, de son caractère, comme pour les adultes d’ailleurs. Il y a des enfants qui, très petits, sont plutôt observateurs ou acteurs, plutôt en retrait ou fonceurs. Je ne pense pas que ce soit déterminé de façon préalable par les gênes ou quoi que ce soit de ce genre, je crois que c’est une résultante de l’éducation, de l’exemple que les enfants voient, de l’environnement dans lequel ils grandissent et tout cela est majoritairement inconscient. C’est pour ça qu’on croit que les enfants naissent timides ou renfrognés ou aventuriers, mais, en réalité, ce n’est pas le cas. 

D’autre part, ça dépend aussi de la façon dont les enfants sont éduqués, dont on leur parle, dont on les encourage. On le fait de façon inconsciente, c’est le fonctionnement par défaut de notre cerveau. Et le but que je me suis donné avec la Boîte à outils des parents, c’est que vous ayez conscience de votre parentalité afin de ne plus laisser le cheval guider le cavalier, mais de reprendre les rênes. 

Si on dit à l’enfant « tu ne sais pas manger » parce qu’il en met partout alors qu’il est petit et que justement, il acquiert la compétence de manger seul, si on lui dit « oh la la, tu fais toujours des fautes d’orthographe » alors que, je pense que c’est plus âgés que les enfants arrivent à écrire sans faute, pour ceux qui y arrivent un jour, la langue française est tellement difficile…, ou si on leur dit « t’es toujours le dernier à être prêt » quand il faut mettre le manteau et les chaussures avant de sortir, on place notre enfant en position d’échec

Et c’est comme pour nous, adultes, l’échec est auto-réalisateur. Alors que si on lui dit « Ouh la la, il y en a partout, oui , c’est dur de tout mettre dans la bouche sans en mettre à côté ! » Ou si on dit « je remarque que tu fais de moins en moins de fautes d’orthographe ! Regarde, ce mot-là, la dernière fois, tu ne savais pas l’écrire » ou encore « je te laisse le temps de te préparer et moi je vais poser mon sac dans la voiture » ou « commence à te préparer maintenant parce qu’il faut vraiment qu’on soit partis à telle heure ». 

On les met dans une position de réussite, d’assurance. De confiance, si j’ose dire. Nous, parents ou adultes, on leur fait confiance pour savoir manger seul, écrire correctement et se préparer en temps et en heure. En leur expliquant aussi pourquoi ils n’y arrivent pas, les progrès qu’ils ont fait et surtout, surtout que ce n’est pas grave de ne pas y arriver, car effectivement, c’est en essayant qu’on acquiert de l’expérience et de l’assurance pour la réussite de certaines tâches. 

Comment donner confiance en eux à nos enfants ? 

Je vais vous donner plusieurs pistes qui sont complémentaires les unes par rapport aux autres.

1) La première et la plus fondamentale est de leur apprendre à faire la même chose que pour nous. A se parler avec gentillesse, à être honnête envers soi-même, à être bienveillant.e et respectueux.se. Bref, à être dans son équipe. 

Pour cela, comme je vous l’explique dans l’épisode 22 sur les neurones miroirs, donnez l’exemple à vos enfants en ayant vous-même confiance en vous. 

2) Vous pouvez également chasser tous les auto-discours négatifs comme « je suis trop nul.le », « je suis bête » pour vous et pour vos enfants.

3) Quand vous parlez à vos enfants, remarquez les fois où vous présentez les choses de façon négative et avec en plus (ou pas) une généralisation. Essayez de reformuler et voyez ce qu’il se passe. Ça ne va pas avoir un effet miracle immédiat. C’est un travail de longue haleine que vous pouvez commencer dès maintenant. 

4) Un autre moyen d’encourager la confiance en soi des enfants est de faire un cahier des fiertés : on prend un cahier dans lequel tous les jours, on écrit des choses dont l’enfant est fier. Le mieux est de le faire tous les jours mais il ne faut pas que ça devienne une contrainte donc si on est trop fatigué ou pas dans l’humeur, on ne se force pas. Si on oublie, ce n’est pas grave. 

L’idée est d’écrire des accomplissements de l’enfant dans la journée le soir, juste avant de se coucher. Comme ça, l’enfant s’endort en pensant à des choses positives qu’il a fait dans la journée. 

En général, je me limite à trois choses. Et on écrit, la date du jour, puis, aujourd’hui, j’ai été sage, j’ai aidé à mettre la table, j’ai pris ma douche tout.e seul.e, j’ai aidé ma petite soeur à monter l’escalier, j’ai fait mes devoirs tout.e seul.e, j’ai fait tous mes devoirs, j’ai rangé ma chambre, j’ai débarrassé la table, j’ai mis mon linge sale au sale… Ça peut aussi être, tout simplement « j’ai été sage » ou « je n’ai pas fait de colère ». Ça n’a pas besoin d’être quelque chose d’exceptionnel. Les choses les plus insignifiantes fonctionnent très bien. 

L’idée est vraiment de noter ce qu’on a fait de positif car le cerveau humain a un biais de négativité. C’est un fonctionnement par défaut qui nous fait remarquer tout ce qui est négatif. C’est une fonction primaire de notre cerveau grâce à laquelle nous avons évolué et survécu tous ces milliers d’années. Donc c’est grâce à ce biais de négativité qu’on a fait du feu pour la première fois. Il y a avait un problème, le froid, l’homo sapiens a trouvé une solution, le feu. 

Mais dans nos vies modernes, le biais de négativité doit être contrôlé sinon, on est pessimiste, on voit toujours la vie du mauvais côté. Donc on va voir que notre enfant a fait ses devoirs en faisant plein de fautes d’orthographe plutôt qu’il a fait tous ses devoirs, par exemple. 

Donc noter les petits accomplissements quotidiens est un bon moyen de remarquer le positif d’une journée, pour soi en tant que parent (il peut y avoir des journées difficiles et remarquer que même dans ces journées difficiles, il y a du positif) et en tant qu’enfant pour renforcer sa confiance en soi. 

C’est aussi quelque chose que je conseille de faire à mes client.e.s : pour les adultes, je l’appelle le cahier des réussites et nous n’avons pas besoin de sauver le monde pour réussir des choses dans nos journées. Être à l’heure, réussir le plat que nous voulions faire, avoir réussi à rester positif.ve tout au long de la journée, des petites choses mais qui sont des réussites. 

Pour résumer cet épisode : 

  • La confiance en soi est souvent confondue avec l’assurance et l’extraversion.
  • La confiance en soi fonctionne comme la confiance envers les autres : on a confiance en soi lorsqu’on est honnête avec soi-même, lorsqu’on se respecte, lorsqu’on est bienveillant.e et ce en toute circonstance. En bref, lorsqu’on est dans notre équipe.
  • Pour apprendre à nos enfants à avoir confiance en eux, commençons par leur donner l’exemple en ayant, nous, parents, confiance en nous. On peut également chasser tous les auto-discours négatifs et tous les discours négatifs que l’on tient à nos enfants. On peut aussi tenir un cahier des fiertés. 

Dites-moi ce qui fonctionne pour vous !

Cet épisode s’inscrit dans la lignée de l’épisode précédent « Bravo, chers parents« 

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