Episode 65 – Comment protéger les enfants ?

Ça fait longtemps que je me demande comment mieux protéger les enfants. Mes enfants d’abord mais aussi ceux que je peux croiser dans des situations, des évènements auxquels participent mes enfants mais aussi auprès de mes coachés. Je sais que je n’ai pas les bons réflexes. J’ai donc voulu demander à une experte en la matière. 

Je vous présente Virginie. Virginie est médecin et l’une de ses missions quotidiennes est la protection de l’enfance.

Concrètement, si j’ai connaissance d’une situation dans laquelle un enfant est en danger ou potentiellement en danger, qu’est-ce que je fais ? 

Virginie nous explique que si nous ne sommes pas des professionnel.le.s de la petite enfance, nous devons appeler le 119. Il suffit de quelques éléments d’identité pour que les personnes en charge de la protection de l’enfance retrouvent facilement l’enfant concerné par le signalement que nous faisons. Ce signalement peut être anonyme si nous le demandons. 

La personne qui émet le signalement n’a pas de retour. Elle ne connaîtra pas les suites de ce signalement. Elle aura juste la bonne conscience d’avoir aidé un enfant. Et c’est déjà pas mal ! 

En revanche, pour l’enfant, selon les faits rapportés, plusieurs actions peuvent se mettre en place. Le 119 fait un premier tri et décide de transmettre ou non à la Cellule départementale de Recueil des Informations Préoccupantes (la CRIP). En vertu de la loi française, quand un enfant est en danger, donc quand le 119 juge que l’enfant est en danger, l’information préoccupante doit être transmise à la CRIP. Selon la loi française également, l’évaluation de la situation doit être pluridisciplinaire, donc la CRIP est constituée de plusieurs professionnel.le.s. La CRIP peut décider d’une évaluation pendant trois mois qui a pour but de voir où se situe le danger. 

Bien sûr, s’il y a des éléments de danger avérés et inquiétants, l’évaluation se termine plus tôt.  La CRIP rédige un rapport qui propose plusieurs recommandations : 

  • il peut ne pas avoir de recommandations si l’évaluation conclut à une absence de danger ; 
  • il peut être proposée une aide éducative aux parents : dans un premier temps, cette aide peut être proposée aux familles qui peuvent accepter sans contraintes judiciaires ;
  • l’évaluation peut être prolongée ;
  • il peut être proposé un placement de l’enfant. Virginie nous précise que le placement est recommandé en cas de danger extrême mais c’est assez rare. 

Ce rapport est ensuite transmis aux autorités judiciaires qui suivent les recommandations de la CRIP. Parfois, en revanche, ces recommandations ne sont pas suivies. 

En revanche, lorsque le signalement fait état de violences physiques avec risque vital ou violences sexuelles, les choses vont beaucoup plus vite pour protéger immédiatement l’enfant. 

Quels comportements doivent nous alerter ?

Les comportements, les situations qui doivent nous alerter sont très divers et nombreux. 

Ça peut être, par exemple, un enfant qui se fait taper à la sortie de l’école. Dans ce cas-là, les enseignants, qui sont des professionnels de l’enfance, doivent réagir et faire le signalement eux-mêmes. Mais ils ne le font pas forcément donc nous pouvons le faire aussi. 

Ça peut également être un enfant qui se confie à nous. Dans ce cas, recueillons le témoignage de l’enfant de la façon dont nous l’apprend Anaïs Delaissez-Zaehringer dans l’épisode suivant  comment protéger les enfants des violences sexuelles : recueillir l’horreur du témoignage de l’enfant avec le moins d’émotions possibles, dire à l’enfant « je te crois » et ne pas lui poser de questions qui pourraient influencer son récit. 

Il peut y avoir aussi des choses que nous voyons et entendons qui nous interpellent. 

Dans tous les cas, ce n’est pas nous qui trions les informations et les situations. C’est le 119. Dans le doute, nous pouvons toujours téléphoner pour dialoguer avec les personnes répondant au 119 qui sont des professionnel.le.s formé.e.s pour entendre des situations préoccupantes et nous conseiller. 

Pourquoi faut-il signaler toute situation inquiétante ? 

Pour éviter que l’enfant soit en danger et le protéger, évidemment. 

Pour aller plus loin, Virginie nous explique que le danger ou le risque de danger met l’enfant dans un contexte difficile et qu’il ne va pas pouvoir se construire sereinement. Cette situation va perturber son développement et il va ensuite peut-être reproduire ce qu’il a vécu auprès de ses enfants. 

Signaler toute situation qui nous paraît inquiétante permet donc d’arrêter le cercle vicieux de violences répétées en plus de protéger aujourd’hui l’enfant en danger.

protéger les enfants

Je retiens de l’intervention de Virginie que :

  • l’enfant n’est pas forcément placé à chaque signalement. C’est vraiment le dernier recours ;
  • il vaut mieux informer pour rien que ne pas signaler du tout car il y a un tri fait par des professionnel.le.s. Le signalement peut être anonyme ; 
  • mettons l’enfant avant tout : signaler, c’est le protéger maintenant et pour l’avenir. 

Cet épisode s’inscrit dans le parcours d’écoute consacré aux situations quotidiennes. Les épisodes suivants, du même parcours, pourraient vous intéresser :


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