La séparation du couple, les divorces est un sujet récurrent
C’est un sujet qui nous touche ou qui touche nos proches. Forcément. D’après l’INSEE, en France, en 2018, 68 % des enfants mineurs vivent dans une famille « traditionnelle », 21 % vivent dans une famille monoparentale, et 11 % vivent dans une famille recomposée. Au total, 28 % des enfants résident donc avec un seul de leurs parents.
Je précise que je ferai des épisodes sur le parent solo et la famille recomposée car ces sujets vous concernent peut-être, cher/chère auditeur.ice.
C’est un fait, à l’époque à laquelle on vit, les couples se font et se défont.
Tragédie pour certains, soulagement pour d’autres.
Tragédie, d’abord pour ceux qui pensent que la famille doit être conforme au modèle traditionnel et uniquement conforme à ce modèle. Sinon, pour eux, c’est la fin des haricots et tous les problèmes que rencontre notre société viennent de là.
Tragédie aussi pour les parents qui subissent la séparation. J’entends par là que c’est le conjoint ou la conjointe qui souhaite la séparation alors que, lui ou elle, ne la veut pas. C’est vraiment une tragédie pour lui ou elle. Je n’utilise pas un terme aussi fort dans l’esprit de me moquer, pas du tout. Je l’utilise car il me semble que c’est le mot approprié. Leur rêve de vivre dans une famille épanouie et heureuse s’effondre. Tout va être différent et il y a l’inquiétude de savoir comment les enfants vont réagir.
Soulagement pour celles et ceux qui ne s’épanouissaient plus dans leur relation de couple et familiale, pour qui il y avait un dysfonctionnement, qui s’éteignaient à petit feu. Soulagement, oui, mais difficultés aussi car il peut y avoir, tout de même, cette fin de rêve de famille soudée et épanouie que le parent entretenait peut-être ; et il y a cette inquiétude de savoir comment tout cela va se passer pour les enfants. Et avec l’ex-conjoint.e qui subit la décision de séparation et qui est peut-être triste, en colère, dans l’incompréhension…
Il peut y avoir aussi le cas, je le mentionne, où c’est une décision conjointe ! Les deux parents sont alignés sur la séparation. Dans ce cas-là, il y a tout de même des difficultés organisationnelles mais au moins, on évite la tristesse, la colère… que peut ressentir l’un ou l’autre des parents.
J’en profite pour préciser qu’une séparation est comme un deuil, surtout si nous sommes très affecté.e.s par la séparation. C’est la fin de quelque chose. La mort étant la fin de la vie, la séparation est la fin d’une relation, nous pouvons éprouver les mêmes choses. Il est donc possible que nous passions par les mêmes étapes : déni, colère, tristesse, résignation, acceptation, reconstruction. Et, on dit qu’un deuil dure 5 ans. C’est une généralité que je ne constate pas souvent, je dois dire, dans mon entourage et parmi les client.e.s qui font appel à moi.
Ce qui m’intéresse, dans cet épisode, c’est la façon dont vous allez gérer la situation vis-à-vis de vos enfants. Je laisse donc de côté tout ce qui concerne les adultes en dehors de leur rôle de parent.
Comment annoncer la séparation aux enfants ?
Je pense que vos enfants vous ont vu ne pas aller bien parce que vous n’êtes pas épanoui.e. Peut-être vous ont-ils vu et entendu vous disputer, être énervé.e contre votre coparent. Peut-être que c’est même eux qui vont vous poser des questions du type « pourquoi est-ce que vous criez tout le temps avec papa / maman ? », « pourquoi ça ne va pas, maman ou papa ? ».
Si c’est le cas, ça sera un début car l’enfant s’est rendu compte de quelque chose.
Je vous conseille, comme pour tout, de parler avec vos enfants de façon ouverte et adaptée à leur âge. L’idéal, quand il y a des sujets qui concernent toute la famille, est d’en discuter tous ensemble, même si c’est dur pour les parents.
L’idée principale à transmettre est que le couple amoureux se sépare mais pas le couple parental. C’est-à-dire qu’il faut bien faire la distinction, et le mentionner, entre la vie amoureuse des parents, et leur rôle de parent. Les parents seront toujours les parents des enfants. Ça, ça ne change pas. Ça ne peut pas changer ! Donc la relation que chaque enfant a avec chaque parent perdure. C’est la relation qu’ont les parents entre eux qui change. Et ça, ça ne concerne pas vraiment les enfants.
C’est le premier point.
Le deuxième point, que j’entends souvent, c’est que les enfants se sentent responsables de la séparation. Un enfant peut, par exemple, dire que la dernière fois, il vous a entendus vous disputer à cause de lui, parce que c’est lui qui était au centre de la discussion. Il faut bien évidemment remettre les choses à leur place en disant que le sujet de la conversation était effectivement l’enfant mais que ce n’est pas à cause de lui que les parents se disputent. Ils se disputent parce qu’ils n’arrivent plus à se parler, à échanger, à confronter leurs points de vue respectifs sans s’énerver. C’est de la faute des parents s’ils n’y arrivent plus, pas de celle des enfants.
Ce sera aussi l’occasion de dire que vous ne regrettez pas l’union que vous avez eu avec votre coparent car vos enfants en sont le fruit et que c’est, sûrement, la meilleure chose qui vous soit arrivée dans votre vie.
Vous pouvez également expliquer comment vous vous sentez dans cette relation de couple, de façon light, sans rentrer dans les détails, et que vous avez pris la décision de vous séparer pour aller mieux et pour que les enfants continuent d’aller bien, la mauvaise ambiance familiale pouvant avoir un effet délétère sur les enfants.
Ensuite, vous pouvez discuter de ce qui va changer. Les parents ne vont plus vivre dans le foyer familial. L’un des deux va déménager et prendre un autre logement dans lequel les enfants iront. Peut-être aussi que les deux parents vont devoir déménager… Essayez d’expliquer au mieux, en donnant des exemples factuels.
Si c’est arrêté, vous pouvez parler concrètement du mode de garde. Si ce n’est pas arrêté et si c’est possible, vous pouvez demander à vos enfants ce qu’ils préféreraient, leur demander de réfléchir à la question, en tout cas.
Tout ça va chambouler vos enfants, sûrement vous aussi d’ailleurs.
Pourquoi ? Parce qu’ils ont peur de l’inconnu. Je le dis souvent dans la boîte à outils des parents : notre cerveau a peur de l’inconnu. Lorsque nous étions des hommes et des femmes des cavernes, l’inconnu était un danger de mort. On avait peur de goûter une nouvelle baie car, potentiellement, elle pouvait nous faire mourir dans d’atroces souffrances. Notre cerveau reptilien est resté ainsi sauf que les changements que nous vivons dans nos vies modernes n’ont pas pour conséquence la mort imminente.
Mais, nous fonctionnons toujours ainsi : si c’est inconnu, ça fait peur.
Alors accompagnez vos enfants, dès qu’il y a un inconnu d’ailleurs, pas seulement en cas de séparation, pour qu’ils se représentent au mieux leur future vie. Peut-être pouvez-vous donner des exemples concrets, peut-être pouvez-vous en discuter avec d’autres familles dont les parents se sont séparés… Plus les enfants sont âgés, plus ça va être facile, évidemment, pour eux de se projeter dans cette situation.
Et pendant tout cela, restez à l’écoute de vos enfants. Aidez-les à mettre des mots sur ce qu’ils ressentent, accueillez leurs émotions et laissez-les libres de s’exprimer, même si ce n’est pas facile pour vous !
Les périodes de transition sont toujours délicates mais, elles passent toujours ! Gardez en tête que, si c’est difficile en ce moment, ça ne va pas durer toujours ainsi. Vous êtes tou.te.s capables de résilience !
La chose à ne pas faire en cas de séparation
Une dernière chose avant de finir cet épisode : je vous déconseille fortement de dénigrer votre coparent devant vos enfants. Si vous avez des difficultés avec votre coparent, ex-conjoint.e, parlez-en à vos proches, écrivez dans votre carnet, mais, n’en parlez pas à vos enfants. Comme je le disais, ce qui se passe dans le couple amoureux ne regarde pas les enfants. Ce sont des sujets qui ne concernent pas les enfants et dont les enfants ne devraient pas entendre parler.
Les deux parents sont des phares en pleine nuit, des socles solides pour les enfants sur lesquels les enfants devraient toujours pouvoir se reposer. Si vous dénigrez votre coparent devant vos enfants, ce phare va moins briller, ce socle va se ramollir et c’est très néfaste pour les enfants. Je crois que toutes les difficultés organisationnelles peuvent chambouler un enfant mais dénigrer son coparent peut le détruire. J’emploie des mots choquants mais c’est fait exprès pour vous faire réagir. N’oublions pas, tout de même, la plasticité cérébrale et la capacité qu’ont les enfants d’évoluer. Donc si vous avez dénigré votre ex, ou si votre ex vous dénigre, gardez en tête que ce n’est pas trop tard !