Episode 66 – Comment protéger les enfants des violences sexuelles

Dans la continuité de l’épisode précédent consacré à la protection des enfants et toujours dans cette volonté de mieux vous informer pour mieux prévenir les risques auxquels les enfants sont exposés (les vôtres et les autres), je vous propose aujourd’hui un épisode dans lequel nous allons parler des violences sexuelles faites aux enfants. L’idée est de savoir comment les éduquer à la sexualité de façon générale et en particulier à protéger les enfants des violences sexuelles. 

Pour ce sujet, que je ne maîtrise pas du tout, j’ai invité Anaïs Delaissez-Zaehringer. Anaïs a gentiment accepté de venir à mon micro pour nous expliquer comment faire cette prévention auprès de nos enfants. 

Voici les principaux enseignements d’Anaïs : 

La découverte du corps 

Anaïs nous préconise de parler aux enfants de leur corps dès le plus jeune âge, dès la petite enfance. D’après Anaïs, on a tendance à faire plus de prévention auprès des petites filles car on pense qu’elles seraient plus victimes mais ce n’est pas le cas. Les garçons sont autant victimes que les filles malheureusement. Alors, fille ou garçon, faisons la même prévention ! 

La règle des trous : Anaïs nous propose une astuce pour prévenir nos enfants des violences sexuelles qui pourraient leur être faites sans en avoir l’air. Nous pouvons expliquer à nos enfants dès leur plus jeune âge qu’on a des trous. On en a tous : les yeux, les oreilles, la bouche, le nez, l’anus et le vagin chez les filles. Et personne n’a le droit d’insérer quelque chose dans ces trous et si ça arrivait, si quelqu’un insérait quelque chose dans ces trous, il n’en a pas le droit. C’est interdit. Alors, il faudrait en parler à quelqu’un de confiance : les parents ou quelqu’un d’autre. 

Parler de tous les trous du corps permet de ne pas vraiment parler de sexualité.

Quels mots employer pour parler de sexualité à ses enfants ? 

Est-ce qu’il vaut mieux appeler un chat, un chat un donc un anus, un anus, ou est-il préférable d’utiliser des petits noms pour en parler ? 

Anaïs nous rassure en nous disant que chacun mène cette discussion avec son enfant comme il préfère. Ce sera en fonction de ses croyances, de son cadre, de son propre vocabulaire… Chacun fera ce qui lui convient le mieux. Anaïs et moi préférons utiliser les noms scientifiques, anatomiques (sexe, pénis, vagin, vulve, anus…) plutôt que de passer par des petits noms enfantins. Mais ça nous est personnel ! 

Comment prévenir nos enfants des violences sexuelles dont ils pourraient être victimes ? 

Plus on va parler de sexualité à nos enfants dans le cadre de l’éducation sexuelle, plus on va prévenir. Il faut expliquer ce qui est normal, ce qui ne l’est pas et ce qui est interdit par la loi.

Si on ne parle jamais de sexualité avec nos enfants, si on ne parle par de ces parties du corps, si notre enfant se fait agresser, il ne parlera pas non plus. Ce dont on ne parle pas devient tabou et est passé sous silence. C’est la raison pour laquelle Anaïs nous recommande de ne pas instaurer un tabou sur le sexe. 

Nous pouvons (et je dirais même « devons ») expliquer à nos enfants que l’intimité est réservée aux adultes consentants, qu’elle se passe dans certains endroits et sans la présence des enfants. Ainsi, il saura que s’il lui est proposé d’assister, de regarder des actes sexuels, des moments intimes, ce n’est pas normal.

Anaïs nous explique que la première agression sexuelle est le visionnage de films pornographiques. C’est la première intention des auteurs : avant les pénétrations forcées ou les attouchements, ils instaurent un climat, une ambiance sexuelle. Il doit donc être clair que l’enfant n’a pas lieu de regarder ce genre de films. 

Il y a toutefois une subtilité à trouver : il faut bien sûr faire comprendre à nos enfants que la sexualité correspond à un âge (qui n’est pas le sien pour l’instant) sans le mettre dans un état d’esprit selon lequel la sexualité est interdite. En effet, quand il va devenir adulte et qu’il sera donc en âge d’avoir une pratique sexuelle consentante, si on lui a insufflé l’idée que le sexe est interdit, il aura du mal à revenir à la sexualité « normale ». 

Il faudra également être particulièrement vigilant.e à l’entrée au collège car il y a, à ce moment-là, une vraie différence. Les enfants et pré-ados sont accros aux écrans et ont accès aux réseaux sociaux par lesquels ils ont accès à des images, à des situations qui ne sont pas de leur âge. Il est également fréquent que les ados s’envoient des photos pornographiques sans en avoir conscience alors que ces images restent sur les réseaux et dans les téléphones des autres…

Comment réagir si l’enfant touche ses parties intimes ? 

La sexualité est découverte dès l’âge de douze mois et à ce moment-là, l’enfant, dans la découverte de son corps, se masturbe. Il va comprendre que s’il fait telle ou telle chose, ça va lui procurer du plaisir. J’écris « il » car je parle d’un enfant mais je ne veux pas insinuer que c’est réservé aux garçons, pas du tout.  

Donc les prémices de la sexualité ne sont pas aussi tard que nous le pensons (à la pré-adolescence ou à l’adolescence).

Toutefois, il est important d’expliquer à notre enfant que quand il touche ses parties intimes, il a le droit de le faire mais c’est un moment particulier qui doit se faire seul, dans l’intimité, donc pas devant des gens. Pour cela, il peut aller dans sa chambre ou dans la salle de bains.

Comment, dans quelles conditions, parler de sexualité à nos enfants ? Faut-il en parler entre quatre yeux ou comme on parlerait de la pluie et du beau temps ? 

Anaïs nous dit de nouveau que nous faisons de la façon que l’on préfère, dans laquelle nous sommes le plus à l’aise. Elle préconise plutôt un savant mélange des deux en précisant qu’à certains moments, s’il s’est passé quelque chose, il faut en discuter sérieusement et mettre les points sur les i.

Comment réagir si notre enfant se fait agresser sexuellement ? 

La première des réponses est de dire « je te crois », que ce soit un enfant ou pas d’ailleurs, mais surtout pour les enfants. Il ne faut jamais mettre en doute ce que l’enfant dit. 

On pourra travailler ensuite sur ce qui a été déformé par le choc post-traumatique, par les émotions… mais d’un premier abord : « je te crois ».

Il est très difficile pour l’adulte qui reçoit ce témoignage de garder son calme. L’adulte va se mettre en colère, avoir peur…

Il est préférable, dans la mesure de nos capacités, d’accueillir l’horreur de ce qu’on entend avec le moins d’émotions possible pour accueillir l’enfant qui se confie à nous. D’ailleurs, on peut se mettre en colère, éructer, crier, pleurer, mais on peut aussi être sidéré, être scotché et donc ne pas réagir. 

C’est par la réaction forte de l’adulte que l’enfant entend la gravité de ce qui lui est arrivé. Car au début, l’enfant raconte quelque chose d’anodin, une anecdote de sa journée. Il ne va pas avoir conscience de la gravité de ce qui lui est arrivé.

C’est grâce à ce « je te crois » que l’enfant va pouvoir se confier à l’adulte dans tous les détails.

En revanche, il ne faut surtout pas interroger l’enfant, il faut le laisser dire, le laisser raconter avec ses mots. Sinon, nous l’influençons par nos questions. 

De plus, évitez de faire trop répéter à l’enfant ce qu’il s’est passé car moins il témoigne, plus il va se rappeler et être précis dans son discours.

Anaïs nous conseille également de remercier l’enfant de s’être confié à nous, de le remercier pour la confiance qu’il nous accorde et de lui affirmer que nous sommes là pour le protéger. Nous pouvons aussi affirmer à l’enfant que quand il voudra en parler, nous serons disponibles, sans l’inciter à parler. La confidence peut prendre du temps et c’est la raison pour laquelle le viol est prescrit de 30 ans, et les agressions sexuelles de 10 ans.

Vous pouvez prendre rendez-vous avec Anaïs pour une consultation sur Doctolib. Vous pouvez également la suivre sur Facebook, Linkedin et Instagram et la retrouver sur son site internet


Cet épisode s’inscrit dans le parcours d’écoute consacré aux situations quotidiennes. Tout comme les épisodes :


Discutons ensemble de vos besoins d’accompagnement lors d’un premier rendez-vous gratuit

coach parental