Episode 67 – Faut-il tout dire aux enfants ?

Faut-il tout dire aux enfants ? Oui, bien sûr ! Savoir si l’on peut parler de tout à ses enfants est une question qui revient souvent. Mes coachées me disent « je ne peux pas lui dire ça quand même ! », en parlant de sujets délicats comme les relations amoureuses ou plus simplement les relations entre adultes, la mort, la maladie, la sexualité…

Je vous le dis tout de suite : oui, vous pouvez tout dire à vos enfants. Et même, il vaut mieux dire, même si c’est désagréable, que cacher des informations à ses enfants. 

Cacher des informations est terrible parce que ça peut être déterminant pour la construction de certains enfants. Cacher une information comme pourquoi papa ou maman ne parle pas à ses parents ou à ses frères et sœurs ; cacher une information comme la mort d’un animal de compagnie ou d’un proche ; cacher une information comme une maladie grave, un accident grave, une grossesse ; cacher une information comme les difficultés financières, le licenciement de son travail d’un des parents. Cacher toutes ces informations est terrible pour les enfants. Et à la place, qu’est-ce qu’on dit ? Un mensonge ? Non ! Il ne vaut mieux pas mentir à nos enfants sur ces sujets-là. Il vaut mieux dire aux enfants la vérité. Car les enfants savent. Ils savent. C’est comme un sixième sens qu’ils auraient, aussi dingue que ça puisse paraître. En réalité, on dit souvent que ce sont des éponges émotionnelles et c’est le cas. Plus ils sont petits, plus c’est le cas. Ils ne comprennent pas pourquoi mais ils ressentent. Et ressentir sans savoir pourquoi, c’est terrible ! 

Pourquoi faut-il tout dire à ses enfants ?

Rappelez-vous ce que je mentionnais dans l’épisode concernant la rentrée scolaire : quand notre enfant voit d’autres enfants pleurer, il ne sait pas pourquoi mais l’angoisse des autres le contamine et il se met à pleurer pour la seule raison qu’il voit d’autres enfants en détresse. 

Je pense aussi que comme nous avons affaire à des enfants, nous ne faisons pas forcément attention à ce que nous disons quand ils ne sont pas loin. On se dit qu’ils ne vont pas entendre, qu’ils ne vont pas comprendre. C’est une belle illusion ! Les enfants n’entendent pas ou plutôt n’écoutent pas quand on veut qu’ils le fassent mais ils ont toujours une oreille qui traîne quand nous abordons un sujet délicat. Ils entendent des bribes. Il perçoivent les émotions que nous ressentons et ils ne comprennent pas tout à fait. Ils n’arrivent pas à remettre les choses à leur place comme des pièces de puzzle qui ne s’emboîteraient pas. Et comme les émotions que nous ressentons à propos d’un sujet délicat sont du registre de l’angoisse, de la gêne, de l’anxiété, du déni, nous transmettons tout ça à nos enfants ! 

Et il n’y a rien de pire que de ressentir toutes ces émotions négatives sans savoir pourquoi ! 

C’est vrai pour tous les enfants mais ce genre de secret prend une proportion différente pour les enfants hypersensibles ou les enfants précoces (aussi appelés surdoués) qui ont une plus grande intuition pourrait-on dire. Ils ressentent plus ces choses-là, ces émotions que nous aimerions cacher et refouler.

Je suis sûre que vous avez déjà expérimenté une situation dans laquelle vous attendez un résultat, que ce soit un résultat à un examen, un résultat d’analyse médicale ou autre, et vous ne savez pas. Vous êtes dans l’expectative, dans le doute et vous vous imaginez plein de choses, en général, du domaine du pire au cas où il se passerait ceci ou cela. C’est la même chose pour nos enfants quand ils ne comprennent pas pourquoi papa ou maman ressent des émotions aussi terribles. 

Voilà pourquoi, il faut tout dire à nos enfants ! Tous les psychologues et autres pédopsychiatres ou pédopsychanalystes vous le diront.

Comment tout dire à nos enfants ?

Alors par contre, il faut le faire d’une certaine manière, évidemment. Souvent ce sont des sujets pour lesquels ils ne comprennent pas tout, ce sont des sujets qui sont nouveaux avec des notions, des concepts inconnus. Donc on ne peut pas leur dire de but en blanc des choses comme « papi a un cancer ». Il faudra évidemment être plus spécifique, apporter des détails, des précisions. 

Parfois, il y a des sujets tabous : ils sont tabous parce que ça nous gêne d’en parler ou parce que  nos parents ne nous ont pas montré comment faire, ou parce que c’est douloureux pour nous. La sexualité est un bon exemple. C’est un sujet de grands (d’adultes et d’ados) et nous pouvons avoir du mal à aborder ce sujet avec nos enfants. Sauf que les enfants se questionnent eux-mêmes et ils font comme pour tout ce qu’ils découvrent et qu’ils essayent de comprendre, ils demandent aux parents. Par exemple « pourquoi j’ai un zizi ou un pénis et pas ma sœur ? Elle, elle a quoi ? C’est quoi ces boules ? » en parlant des testicules… Si on dit ou si on transmet l’idée selon laquelle on ne doit pas en parler, pas toucher, parce que c’est sale, c’est gênant ou je ne sais quoi, on laisse les enfants dans ce doute, dans cette incompréhension et progressivement, ils vont se faire des idées sur ce sujet. 

Ils vont peut-être aussi se dire qu’il y a des sujets qu’ils n’ont pas le droit d’aborder avec vous. Des sujets dont ils ne peuvent pas parler. Donc qu’est-ce qu’ils vont faire ? Ils vont continuer à réfléchir dessus, continuer à s’interroger, arriver à des conclusions vraies ou fausses et peut-être en parler à d’autres personnes. Et ces autres personnes vont peut-être dire ou répéter si ce sont des enfants des bêtises, des choses qui sont fausses. Donc progressivement, les enfants vont se faire des idées fausses sur des sujets dont ils ne se sentent pas libres d’aborder avec vous… ça n’est pas très rassurant !

J’ai pris l’exemple de la sexualité mais ça vaut avec tout. 

Je pense que nous avons également tendance à vouloir cacher des informations à nos enfants pour les protéger. C’est le coup classique du chien qui va dans une ferme à la fin de sa vie alors qu’il est mort. Nous pensons que ce serait trop dur pour les enfants de se confronter à la mort, au deuil. Ce serait trop dur pour eux d’accepter que la vie n’est pas éternelle. Et ce serait trop dur pour eux d’affronter la douleur de la perte d’un être cher. Eh oui, je ne vous cache pas que ce sera dur, bien sûr ! Mais la mort fait partie de la réalité de la vie. Et peut-être qu’en les protégeant maintenant de ça, quand ils seront de nouveau confrontés à la mort (et ce sera forcément le cas à un moment ou à un autre), ça va être plus dur pour eux ! 

Et puis, quand ils vont découvrir le pot-aux-roses, quand ils vont découvrir que le chien n’est pas parti finir ses vieux jours dans une ferme spéciale pour vieux chiens, ils peuvent vous en vouloir, ils peuvent se sentir trahis et ils peuvent perdre confiance en vous. Vous pouvez les décevoir. Ça peut être une véritable désillusion pour des enfants que leurs parents leur aient menti. Et alors ça, c’est le pire qui puisse arriver ! Et, parmi toutes les raisons que j’ai citées, c’est sans doute la raison la plus importante pour laquelle il faut tout dire à ses enfants. 

Comment parler de sujets difficiles à ses enfants ? 

Pour les sujets qui sont plutôt tabous, je pense à la sexualité mais ça peut être d’autres sujets selon vos croyances, votre éducation, votre sensibilité, il faut en parler naturellement. Entre le fromage et le dessert comme dirait Cali. L’idée, si on ne veut pas en faire un gros sujet, est de le traiter comme n’importe quel autre sujet. Comme ce qu’on va faire ce weekend, ce qu’untel nous a dit quand on l’a croisé à la boulangerie, comme tous les autres sujets normaux. C’est ainsi que ça va devenir un sujet normal. 

Pour les sujets plus délicats, qui peuvent nous être douloureux par exemple, il faut en parler en prenant le temps avec nos enfants. Là, pour le coup, on ne balance pas que l’un de ses grands-parents a un cancer entre le fromage et le dessert. Dites-lui en prenant le temps d’en discuter avec l’enfant, d’en parler, de répondre à ses questions. Ce n’est pas grave si on pleure, on pleurera ensemble comme ça et comme ça, c’est autorisé de pleurer, d’exprimer ses peurs, sa tristesse, ce qui est important à savoir pour l’enfant. 

Et comme d’habitude, il est recommandé d’adapter le vocabulaire que vous allez employer à l’âge de votre enfant. Vous pouvez également vous aider d’internet où vous trouverez des explications adaptées à l’âge de votre enfant pour parler de choses difficiles. 

En coaching parental, l’un des axes de travail est justement la communication avec ses enfants pour pouvoir réussir à tout leur dire. 


Cet épisode s’inscrit dans le parcours d’écoute consacré au fait d’être parent, comme les épisodes suivants :


Pour réussir à mieux communiquer avec vos enfants et pouvoir tout leur dire, faites appel une coach !

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