C’est un sujet qui revient souvent : lors des coachings, beaucoup de parents décrivent leur enfant comme hypersensible et/ou se décrivent eux-mêmes comme hypersensible.
Je commence d’entrée par vous expliquer pourquoi je n’aime pas ça, ça va donner le ton : parce que ça met les enfants et les gens, de façon plus générale, dans une case. Ils ont une étiquette collée sur eux. Et, je n’aime pas ça, si vous avez écouté l’épisode 7 consacré aux étiquettes, vous savez pourquoi : parce que ça enferme les enfants dans un rôle qu’ils ont choisi, ou pas d’ailleurs, mais ça les enferme ! Ça met l’enfant dans une case d’hypersensible. Et il est toujours très difficile de sortir d’une case ou de décoller une étiquette. Je trouve que ça excuse son comportement aussi. Par exemple : il fait ça parce qu’il est hypersensible. Donc, par exemple, l’enfant fait une colère, part bouder dans son coin, s’agace d’une situation de façon démesurée… : oui, c’est à cause de son hypersensibilité. Comme si l’enfant était autorisé, voire encouragé, à ce genre de comportement parce qu’il a une étiquette d’hypersensible. Comme si, étant donné qu’il a une hypersensibilité, il ne pouvait pas maîtriser ses émotions du tout ! Je ne suis évidemment pas d’accord avec ça car je crois qu’on est tous.tes maître de son destin. C’est peut-être plus dur pour les hypersensibles de gérer ses émotions mais ce n’est pas impossible !
Maintenant, je veux tout de même vous expliquer en quoi c’est positif de se savoir hypersensible ou de savoir que son enfant l’est : parce que ça explique beaucoup de choses, de comportements, de réactions, d’attitudes… Et puis, on se sent moins seul.e, le fait de savoir que X% de la population est hypersensible, ça détend ! Ça déculpabilise. Ça explique ! Et ça, c’est hyper positif !
Je ne vous donne pas de chiffre sur le nombre de personnes concernées parce que je n’ai pas trouvé de chiffre sérieux.
Alors, qu’est-ce que l’hypersensibilité ?
Stéphanie Couturier, autrice du livre « Mon enfant hérisson » aux éditions Marabout, livre sur lequel je m’appuie en grande partie pour cet épisode, décrit l’hypersensibilité comme « une sensibilité plus forte que la moyenne à percevoir les différents stimuli de la vie ». Ces stimuli sont les sons, les couleurs, la sensibilité tactile, les émotions, la communication non verbale… L’hypersensible va percevoir tout cela plus fort. Pas forcément tout. Certains hypersensibles ont leurs spécialités. Stéphanie Couturier explique qu’il y a autant d’hypersensibilités que d’hypersensibles. Chacun l’est à sa manière. Et ça concerne autant de filles que de garçons.
Il y a néanmoins quelques caractéristiques communes :
- Les enfants hypersensibles pensent beaucoup ! Ils réfléchissent à tout, se posent beaucoup de questions. Pour eux, rien n’est anodin. Ils intellectualisent et cherchent à comprendre parfois des choses en avance par rapport à leur âge.
- Ils sont beaucoup dans l’émotion et ressentent des nuances d’émotions subtiles même s’ils n’arrivent pas à mettre un mot dessus.
- Ils sont perfectionnistes.
- Ils sont fatigués plus rapidement car ils doivent processer et emmagasiner un nombre d’informations important.
- Ils ont un grand sens de la justice, pour eux-mêmes et pour les autres.
Ce que je décris là ne sont que des pistes. Ce n’est pas du tout un diagnostic précis. C’est un faisceau d’indices. Un psychologue ou un psychiatre pourra dire avec certitude si votre enfant est hypersensible ou pas.
Comment se comporter face à un enfant hypersensible ? Comment réagir ? Comment l’accompagner ?
Eh bien, c’est là tout le paradoxe que je trouve à coller une étiquette d’hypersensible. Tous les enfants sont plus ou moins comme ça à une intensité plus ou moins forte.
Un enfant peut ne pas aimer certaines chaussettes qui le serrent trop, une étiquette qui le gratte ou une matière, la laine, par exemple, qu’il trouve inconfortable. Mais il n’est pas pour autant hypersensible !
Un enfant peut ressentir une émotion extrême à un moment ou sur le long terme, pour une raison ou pour une autre, sans être hypersensible.
Mais, il peut également cocher toutes ces cases en étant hypersensible. C’est là la difficulté, n’est-ce pas ?
Je vous ai dit, en introduction, que je trouvais que l’hypersensibilité servait parfois d’excuse. Dans un parc d’attractions dans lequel j’accompagnais mes enfants, mon fils s’est fait embêter par un autre enfant qui ne voulait pas que mon fils fasse ce qu’il voulait faire. Et mon fils l’ignorant superbement a continué sa vie. Cet enfant s’est mis dans une colère noire. Sa mère est venue le chercher et a demandé des explications à mon fils. Je suis donc arrivée aussi. On discute en essayant de se comprendre malgré le volume sonore de son enfant. On trouve une explication, il n’y a aucun problème par rapport à ça. Mon fils retourne vivre sa vie. Et, avant qu’on se sépare avec cette autre maman, elle me dit, d’un air entendu : « il est hypersensible ». Bon, déjà, elle cherche à justifier auprès de moi le comportement de son enfant alors que je n’attends pas de justification quelconque, mais elle se croit obligée de le faire. Comme quoi, le regard des autres… Mais surtout, l’explication à la colère de son enfant c’est son hypersensibilité. Comme si, il est hypersensible donc fatalement colérique.
Non ! Je ne suis pas d’accord avec ça ! Il faut lui apprendre à gérer ses émotions, à gérer sa colère. Elle ne lui rend pas service en excusant son comportement ainsi. Peut-être qu’elle le croit hypersensible, peut-être même qu’un psy a posé un diagnostic. Ok. Soit. Mais il ne faut pas pour autant le laisser comme ça se débrouiller tout seul avec ses émotions et tout ce qu’il peut vivre en étant hypersensible. Il faut l’accompagner.
S’il n’aime pas une paire de chaussettes, il faut essayer de comprendre pourquoi et lui proposer une autre paire. Si une étiquette le gratte, il faut la couper. S’il se laisse emporter par ses émotions, il faut lui apprendre à les gérer. Pour cela, j’ai élaboré une liste d’émotions qui permet de nommer précisément l’émotion ressentie qui est la première étape à une bonne gestion des émotions comme je l’explique dans l’épisode 4 « l’accueil des émotions ».
Tous les enfants fatigués sont difficiles. Donc pour passer de meilleures journées, il faut veiller à ce que l’enfant dorme suffisamment.
Bref, comment se comporter avec un enfant hypersensible ? Comme avec tous les enfants, qu’ils soient hypersensibles ou non. Il faut se montrer attentionné, essayer de les comprendre, de se mettre à leur place, de répondre à leurs demandes et à leurs besoins, qu’ils soient intellectuels ou physiques…
Je ne dis pas que l’hypersensibilité est une invention, qu’elle n’existe pas ; je ne nie pas son existence. Pas du tout. Encore une fois, il y a de grands effets positifs à se dire hypersensible ou à reconnaître son enfant comme hypersensible.
Mais ce que je ne veux pas c’est que ça serve d’explication, d’excuses à tout. Un enfant hypersensible, c’est sûrement un enfant qui va être un peu plus difficile pour vous, parent. Mais gardez en tête que ça sera aussi plus difficile pour lui de trouver sa place, du sens à ce qu’il fait, des explications à ce qui l’entoure… Alors, en un mot comme en cent, soyez bienveillant avec votre enfant, hypersensible, ou pas !
Vous avez besoin de solutions pour accompagner votre enfant hypersensible ? Discutons-en !
Cet épisode s’inscrit dans le parcours d’écoute consacré aux émotions comme les épisodes suivants :