Lorsque je coache des parents, une question que j’aime poser est : qu’est-ce que notre enfant représente pour nous ? QU’est-ce que nous voyons quand nous regardons notre enfant ?
Est-ce que nous le voyons lui ou elle, tel qu’il ou telle qu’elle est ? Ou est-ce que nous le ou la voyons tel ou telle que nous voudrions qu’il ou elle soit ?.
Je me suis interrogée à ce sujet car certaines personnes autour de nous nous disent sans cesse : qu’est-ce qu’il ressemble à son père ! Elle a tes expressions !… ce genre de phrases. Je ne sais pas pourquoi ils disent ça. J’ai parfois l’impression que les autres veulent absolument trouver des points communs entre les parents et les enfants. Pour rassurer les parents peut-être, pour se rassurer eux, je ne sais pas.
Si je suis totalement honnête, je dois dire que ça a tendance à m’agacer un peu. Bien sûr, ça dépend de la façon dont c’est dit… Et si je veux être complètement honnête, c’est sûrement aussi parce que les personnes qui disent ça de mes enfants trouvent toujours qu’ils ressemblent à leur père et pas à moi. Attention, je m’explique : je ne suis pas jalouse, je n’ai pas absolument envie que mes enfants me ressemblent, je n’en ai pas besoin pour me sentir légitime dans mon rôle de mère. Je n’ai pas besoin d’être rassurée. Mais ça m’agace car ce sont, en réalité, ces adultes qui ont besoin de se rassurer et ils ne s’en rendent pas compte. Ils font donc peser sur mes enfants un fardeau qui n’est pas le leur.
Moi, je pense que mes enfants sont tels qu’ils sont, dans leur unicité. Je n’ai jamais trouvé qu’ils ressemblaient plus à mon conjoint qu’à moi. Je n’arrive d’ailleurs pas à trouver des traits communs entre mes enfants et nous, leur parents. Par contre, ce que je trouve, c’est qu’ils se ressemblent beaucoup entre eux. Mais ça, c’est une autre histoire…
J’en reviens au besoin de réassurance de certains adultes parce que c’est le coeur du sujet. Les adultes, et plus particulièrement les parents, nourrissent certaines attentes, certains besoins vis-à-vis de leurs enfants. Ils sont, la plupart du temps, inconscients puisque si nous ne réfléchissons pas à la question, nous fonctionnons en mode par défaut. Je vais vous expliquer plusieurs situations qui vous permettront de réfléchir à vos propres attentes et besoins que vous avez vis-à-vis de vos enfants.
La projection à travers notre enfant
Parfois, les parents se projettent eux-mêmes sur leurs enfants et veulent que l’enfant réussisse là où lui-même (le parent donc) a échoué.
Par exemple, le parent, lorsqu’il était jeune, avait l’ambition de devenir un sportif professionnel, de n’importe quel sport d’ailleurs. Si le parent n’a pas réussi à devenir sportif professionnel, peut-être qu’il a envie que son enfant réalise son rêve. Car c’est de ça dont on parle : l’enfant devient la dernière chance pour que le parent réalise son rêve. Le parent fait rejouer le scénario à son enfant mais avec un acteur différent, puisque c’est trop tard pour le parent…
Vous pouvez transposer cet exemple à toutes sortes de non réussite ou d’échecs : scolaire, relationnelle, professionnelle, ce que vous voulez…
Dans ce cas, je vous préconise de vous poser et de réfléchir à vos besoins. Quels sont vos besoins à vous ? Qu’est-ce que vous essayez de régler en faisant ça ? Qu’est-ce que vous avez besoin de réparer de votre enfance ?
Dans un deuxième temps, je vous invite à faire le bilan de vos réalisations, de vos succès, car il y en forcément et bien plus que ce que vous pensez d’ailleurs, mais, à cause du biais de négativité, le cerveau humain est tel qu’on reste focalisé sur les choses négatives plutôt que sur les choses positives qui nous arrivent. Or, il nous arrive des choses positives ! Il suffit juste d’en avoir conscience. Les remarquer, se dire que vous avez réussi telle ou telle chose vous aidera à vous rapprocher de vos aspirations.
La réparation incarnée par notre enfant
L’enfant peut également être considéré comme une entité de réparation lorsque le parent veut que l’enfant échoue ou réussisse là où le parent a échoué ou réussi.
C’est par exemple le cas où un parent va dire à son enfant « non, mais ne fais pas ça, ça ne fonctionnera pas, tu n’y arriveras pas, ce n’est même pas la peine d’essayer ». Le parent dit ça car lui-même n’a pas réussi à faire cette chose donc il ne veut pas que son enfant réussisse ou essaye, d’ailleurs. Si l’enfant essaye, il pourrait réussir…
Dans ce cas-là, on remarque une rivalité entre le parent et l’enfant, instaurée par le parent. C’est comme si le parent voulait saboter l’enfant pour protéger son égo.
Ce cas est sûrement moins facile à reconnaître que le précédent car il me semble qu’il est plus insidieux. C’est vrai, pourquoi le parent créerait une rivalité avec son propre enfant. Les choses ne sont pas vraiment comparables. Ça peut paraitre complètement tordu… Mais, ne l’écartez pas tout de suite. Supprimez les jugements négatifs et interrogez-vous vraiment.
Si vous êtes dans ce cas, apprenez à vous valorisez, vous. Apprenez à remarquer tout ce que vous faites de positif. Faites la liste, également, de toutes les ressources que vous avez, de tout ce que vous savez faire. Ça vous aidera à entreprendre des actions pour votre avenir. Et, une chose à faire également, est de faire le deuil de votre passé, de votre vie idéale. Reconnaissez et acceptez que votre vie est telle qu’elle est, que votre enfance est telle qu’elle a été. Votre enfance est finie, votre vie, en revanche continue et a encore, je vous le souhaite, une longévité certaine. Ça vous aidera à faire la distinction entre ce qui vous est arrivé et ce qui arrive à votre enfant.
Je vous le disais un peu plus tôt, vous, parent, vous pouvez vous projeter sur votre enfant. C’est un miroir qui reflète ses deux parents, peut-être ses grands-parents, peut-être les frères et soeurs de l’enfant… A ce moment-là, nous ne nous adressons plus à l’enfant en tant que tel mais à la personne à qui il ressemble. Ça peut mener à des parallèles douteux…
Je précise que nous pouvons aussi ne pas aimer quand nous trouvons que notre enfant nous ressemble à nous, et que notre enfant nous renvoie tout ce que nous n’aimons pas en nous. Il n’est pas obligé de ressembler à notre ex qui nous a fait beaucoup souffrir pour ne pas aimer ce qu’il nous renvoie.
Si vous êtes dans ce cas, c’est-à-dire si vous vous projetez, vous, sur votre enfant, je vous conseille de prendre en compte votre enfant et votre enfant uniquement, dans sa particularité, dans son unicité, sans prendre en compte la ou les personnes à qui il ressemble. De cette façon, vous parviendrez à ne pas faire de comparaisons avec telle ou telle personne.
Il peut aussi y avoir le cas où d’autres personnes vous disent que c’est tout le portrait de son père, qu’il fait ceci ou cela comme Maman ou ce genre de remarques. Ça met une pression énorme sur l’enfant ! Ça lui met une étiquette également. Vous vous en rappelez ? Je vous en parle dans l’épisode 7 du podcast. Si l’enfant n’a pas envie d’être conforme à cette étiquette, vous pouvez l’aider à distinguer ce qui lui appartient et pas à la personne à qui on n’arrête pas de lui dire qu’il ressemble.
Si vous vous posez ces questions, si vous identifiez que vous projetez ou que vous voulez réparer quelque chose via votre enfant, que vous menez la réflexion que je vous ai proposée, vous allez permettre d’être la personne qu’il veut. Il pourra faire ce qu’il veut dans la vie en fonction de ce qu’il aime lui et pas en se laissant guider par les réussites, les échecs et les espoirs de ses parents.
Votre enfant pourra ainsi être lui, tout à fait lui, complètement lui.
Cet épisode s’inscrit dans le parcours d’écoute être parent tout comme les épisodes suivants :
- Comment gérer sa vie professionnelle en plus du reste
- Laissez-les rêver
- S’adapter aux changements de son enfant
Faites-vous coacher pour éviter de projeter ou de réparer quoique ce soit avec votre enfant :