Episode 52 – Ce qui se passe dans la tête de nos enfants : intellectualiser une émotion forte

Voici le deuxième épisode de ma série consacrée au cerveau des enfants. Dans l’épisode précédent, je vous expliquais des généralités sur le cerveau et à quel point votre action peut avoir des effets sur le développement du cerveau. C’est ce dont je parle à mes clients de coaching.

Dans cet épisode, je vais vous parler de l’intégration des cerveaux droit et gauche.

Tout cela sera, évidemment, en lien avec l’éducation des enfants ! Je ne fais pas un exposé scientifique juste comme ça !

Pour cet épisode et le prochain, je m’appuie sur le livre passionnant « le cerveau de votre enfant » aux éditions Marabout écrit par les docteurs Siegel et Bryson. Ce bouquin est une mine d’informations pour comprendre ce qui se passe dans la tête des enfants.

Vous le savez peut-être déjà car c’est assez connu, le cerveau (de tous, enfants comme adultes) est divisé en deux hémisphères : un à gauche et un à droite. Et ces deux parties, qui sont anatomiquement séparées, fonctionnent différemment. 

D’après les docteurs Siegel et Bryson, le cerveau gauche aime ces quatre mots qui commencent par la lettre L : logique, littéral, linguistique et linéaire. Il aime aussi faire des listes. 

En revanche, le cerveau droit est non verbal : il nous permet de communiquer en analysant les expressions faciales et les signaux non verbaux, les gestes, les sons, les images, les émotions, les souvenirs… Notre cerveau droit analyse les situations de façon globale et holistique. En d’autres termes, le cerveau gauche se concentre sur le texte tandis que le cerveau droit se focalise sur le contexte. Le cerveau droit est le plus développé chez les enfants surtout avant trois ans. En effet, avant cet âge, ils ne savent pas parler, raisonner, tout ce qui est logique est compliqué pour eux. 

L’idée est que ces deux hémisphères fonctionnent ensemble. Si vous n’écoutez que votre cerveau droit, vous êtes des boules d’émotions, de ressentis extrêmes. Comme le sont les jeunes enfants, n’est-ce pas ? Au contraire, si seul votre cerveau gauche fonctionne, vous êtes froid, coupé de vos émotions, de vos ressentis et de ceux des autres. Dans un cas comme dans l’autre, ce n’est pas souhaitable ! 

émotion forte

Donc comment faire pour que ces deux hémisphères fonctionnent de concert ? 

La plupart du temps, et sans apprentissage spécifique, c’est le cerveau droit des enfants qui domine. C’est quelque chose d’inné chez eux, dès leur naissance. L’utilisation du cerveau gauche demande, quant à lui, un peu plus de temps et de développement. C’est grâce à lui qu’on parle et qu’on raisonne donc forcément, ça vient après ! 

Comme c’est le cerveau droit qui domine la plupart du temps, il faut aller chercher le cerveau gauche. Il faut lui parler ! 

Je m’explique en vous donnant un exemple. 

Ma fille a un tipi dans sa chambre. C’est un tipi que j’ai construit moi-même donc, autant vous dire, qu’il n’est pas très stable. Un soir, alors qu’on venait de coucher les enfants, ma fille se relève et va chercher son doudou qui était dans son tipi. En ressortant du tipi, elle emporte avec elle l’une des tiges qui tient le tipi. Donc le tipi lui tombe dessus. Alors rassurez-vous, c’est juste du tissu et quelques armatures, ce n’est pas dangereux pour elle ! Sinon, elle n’aurait pas de tipi ! Mais donc, le tipi est tombé sur elle si bien qu’elle était prisonnière du tipi. C’est son mot, pas le mien. Elle a hurlé. Le temps qu’on arrive, son grand frère, qui était bien plus près d’elle que nous, avait relevé le tipi. Ma fille était donc sortie de sa prison. J’ai mis le tipi par terre et j’ai remercié son frère de l’avoir aidée. Bon, mais n’empêche que ma fille était toujours en train d’hurler qu’elle était prisonnière de son tipi. Dans cette situation, il n’y avait que le cerveau droit qui fonctionnait ! Le cerveau gauche n’avait absolument pas vu qu’elle n’était pas vraiment prisonnière et qu’elle aurait pu facilement sortir du tipi toute seule, que son frère est vite arrivé pour l’aider et que nous aussi juste après. Non, car son cerveau droit avait pris le dessus sur le cerveau gauche. 

Me rappelant les recommandations des docteurs Bryson et Siegel, je ne lui ai pas simplement dit « c’est bon, arrête, tout va bien, tu exagères ». Si j’avais dit ça, c’est sûr qu’elle se serait mise à hurler encore plus ! Si j’avais dit ça, j’aurais nié la situation, ses ressentis, etc. Et ce n’est pas bon pour gérer la crise de façon immédiate et pour un développement harmonieux du cerveau et plus généralement de l’enfant.

Donc, ce que j’ai fait, c’est que je me suis d’abord adressée au cerveau droit. Le cerveau gauche était pour l’instant inatteignable. Je l’ai prise dans mes bras, j’ai accueilli ses pleurs en lui faisant des caresses et des bisous. Ce qui est drôle quand elle est dans ce genre d’état c’est qu’elle essaye de parler mais on ne comprend rien, parce qu’elle pleure en même temps. Donc je lui ai dit de pleurer autant qu’elle en avait besoin et qu’elle me raconterait quand elle serait calmée. Là, je me suis adressée au cerveau droit qui est tactile. En fait, j’ai eu un contact physique bienveillant et c’est tout ce que son cerveau droit réclamait. Une fois qu’elle a commencé à se calmer, c’est-à-dire que le cerveau droit a commencé à reculer, je lui ai proposé de m’expliquer ce qui s’était passé. J’ai donc commencé à m’adresser à son cerveau gauche.

La première chose qu’elle m’a dit était qu’elle était restée prisonnière. Et moi, de continuer l’histoire : « ah oui, le tipi est tombé sur toi et tu ne pouvais plus sortir ». On a discuté comme ça et à chaque fois qu’elle me disait quelque chose, j’ajoutais un peu de contexte et d’histoire à ce qui s’était passé. Tout cela pour expliquer à son cerveau gauche ce qui s’était passé pour qu’elle ait l’histoire complète : son doudou était dans le tipi, elle est allée le chercher, elle a touché une armature du tipi ce qui l’a fait tomber sur elle, elle a crié, son frère est vite venu soulever le tipi et nous sommes ensuite arrivés et, depuis, on se fait des câlins. 

Mais pour que les deux cerveaux fonctionnent ensemble, au fur et à mesure de l’histoire, j’ai rajouté des émotions : le tipi est tombé sur toi. Tu t’es sentie prisonnière. Tu as eu très peur de ne pas pouvoir sortir. 

Il y a l’histoire complète pour le cerveau gauche et les émotions pour le cerveau droit. C’est ainsi que l’information passe de droite à gauche et que le cerveau fonctionne de façon équilibrée. 

Je vous ai donné un exemple précis mais ça fonctionne avec tout : votre enfant tombe, votre enfant a une mauvaise note, votre enfant a une contrariété quelconque, ça fonctionne. Rappelez-vous qu’il faut d’abord s’adresser au cerveau droit pour ensuite rediriger vers le gauche. 

intellectualiser émotion forte enfant

Maintenant, j’aimerais vous poser une question : lorsque vous êtes avec vos enfants, est-ce que vous vous servez plus d’un hémisphère de votre cerveau que de l’autre ? 

Réfléchissez à votre façon de faire. Est-ce que vous dites souvent des phrases comme « c’est comme ça et pas autrement », « arrête de pleurer », « arrête ton cinéma »…Toutes ces phrases qui nient le ressenti de votre enfant. 

Ou au contraire, est-ce que vous êtes trop dans l’accueil des émotions ? Par exemple quand votre enfant a une contrariété, est-ce que vous en faites des tonnes en le laissant dans cette contrariété sans lui proposer de relativiser la situation ? 

Il est peut-être difficile pour vous de répondre à cette question puisqu’il est difficile d’avoir du recul sur ce qu’on fait soi-même. Mais prenez en exemple la dernière fois que votre enfant s’est fait mal, comment avez-vous réagi ? 

Je vous pose cette question parce que la meilleure façon d’enseigner à nos enfants à se servir de leurs deux hémisphères cérébraux de façon équilibrée est, encore une fois, de le faire soi-même. 

Je vous laisse sur cette réflexion. Je vous parlerai, la semaine prochaine, des cerveaux haut et bas. 


Cet épisode fait partie du parcours d’écoute consacré aux étapes de vie, tout comme les épisodes :


Si vous avez besoin d’aide pour aider votre enfant à intellectualiser une émotion forte, discutons-en !

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