Episode 70 – Les compétences exécutives des enfants

Qu’est-ce qui est plus important que le QI ? Les compétences exécutives des enfants ! 

En tant que coach parental, je me forme en permanence notamment grâce à des livres portant sur l’éducation des enfants. 

Pour cet épisode, je m’appuie sur l’ouvrage de référence de Céline Alvarez Les lois naturelles de l’enfant. Dans cet ouvrage, Céline Alvarez relate l’expérience qu’elle a faite dans une classe de maternelle de Gennevilliers : elle a fait classe en respectant les lois naturelles de l’enfant. Les lois naturelles, c’est une autre façon de concevoir l’enfant et son éducation à l’école et à la maison. Cet ouvrage est très riche et je vous invite vraiment à le lire si vous voulez creuser cette question. 

Dans cet épisode, je vous parle d’un sujet en particulier qui m’a particulièrement marquée : les compétences exécutives

Que sont les compétences exécutives ? 

Il y a trois aspects : l’inhibition, la mémoire de travail et la flexibilité cognitive. 

L’inhibition est la capacité à se contrôler, à retenir ses paroles ou ses gestes, à se montrer raisonnable. C’est la capacité à attendre son tour pour parler, à faire preuve de patience pour obtenir un meilleur résultat, à contrôler ses ardeurs. C’est une compétence dont ont besoin les enfants mais aussi tous les adultes ! Heureusement que la grande majorité des adultes fait preuve d’inhibition car sinon le monde partirait encore plus à vau l’eau ! 

La mémoire de travail est la mémoire immédiate. Qu’est-ce que je viens de dire juste avant ? Vous savez, je vous ai parlé du contrôle inhibiteur. Si vous vous en rappelez, c’est grâce à votre mémoire de travail. Un enfant dépourvu de mémoire de travail ne se rappelle plus de la consigne que vient de lui donner son enseignante ou son enseignant. On comprend donc à quel point cette carence peut le pénaliser dans ses apprentissages. Et cette carence peut aussi avoir des effets néfastes en dehors de l’école, dans la vie de tous les jours. 

La flexibilité cognitive est l’adaptabilité dont on peut faire preuve. Lorsque nous sommes confrontés à un problème, quelque chose qui ne se passe pas exactement comme il faudrait, comment faisons-nous pour nous en dépatouiller ? 

Par exemple : un enfant doit faire rentrer beaucoup de choses dans son cartable, quelle est la meilleure façon de faire pour que tout rentre ? 

Ces compétences permettront à un enfant de maternelle d’apprendre à lire et à compter, à un enfant de primaire de poursuivre dans ces apprentissages et à un adulte de savoir quelle est la meilleure organisation pour ses vacances ou de concevoir une machine capable de supprimer les gaz à effet de serre. 

Elles sont donc plus qu’importantes ! 

Des compétences plus importantes que le QI

Je disais en introduction que ces compétences exécutives sont plus importantes que le QI. Ça a été prouvé scientifiquement. 

Être pourvu de ces compétences exécutives permet d’avoir plus de relations sociales, d’avoir une meilleure hygiène de vie et donc une meilleure santé, d’avoir un travail plus satisfaisant et une vie adulte plus équilibrée. La différence ne se fait pas grâce au QI ! 

Une étude très connue nommée le test du chamallow a prouvé tout cela. 500 enfants de 4 ans ont été testés. Le principe était le suivant : on plaçait un enfant dans une pièce avec un chamallow. Un adulte le prévenait : si tu attends que je revienne pour manger ce chamallow, tu en auras un deuxième. Les enfants devaient donc se contrôler pour ne pas manger ce chamallow, se rappeler l’enjeu d’en avoir un deuxième et s’organiser pour faire autre chose en attendant que l’adulte revienne. Evidemment, certains enfants ont réussi à ne pas manger le chamallow et d’autres non. Des années plus tard, les enfants qui ont réussi à ne pas le manger ont des vies plus équilibrées que les autres, et ce, peu importe le niveau de QI. C’est en ce sens que les compétences exécutives sont plus importantes que le QI ! 

Comment faire pour développer ces compétences exécutives chez nos enfants ? 

Je dois d’abord vous mentionner que le plus tôt est le mieux mais, comme d’habitude avec les enfants, grâce à leur plasticité cérébrale, il n’est jamais trop tard ! 

Pour développer les compétences exécutives de vos enfants, ce qui leur permettra de faciliter leurs apprentissages scolaires, faites-les vivre ! Ni plus ni moins. Faites-leur faire des tâches ménagères, laissez-les se débrouiller en les soutenant et les encourageant si nécessaire, laissez-les se confronter à la réalité de la vie sans trop les couver. 

Comment le linge arrive-t-il dans leur placard ? Il n’y a pas de petits lutins ou d’elfes de maison qui, par magie, sans qu’on les voit, font en sorte que le ligne linge propre soit rangé dans le placard. Non, c’est en le mettant dans le panier de linge sale, puis en le triant selon les couleurs, en mettant ensuite une pile dans la machine à laver puis en mettant en route la machine. Ensuite, il va falloir sortir le linge de la machine, l’étendre, attendre qu’il soit sec puis le plier, l’amener devant le placard pour enfin le ranger. C’est quelque chose de bateau, d’automatique pour nous, parent, du moins pour certains d’entre nous. Mais c’est typiquement quelque chose qui demande beaucoup d’étapes, un peu de savoir-faire, et de la patience. Donc c’est typiquement quelque chose qui permet de développer les compétences exécutives de nos enfants ! Il en va de même pour la préparation des repas pour lesquels il faut avoir l’idée de ce que l’on veut préparer, suivre une recette, exécuter tous les gestes nécessaires à la préparation du repas, attendre que ça cuise et faire la vaisselle ensuite. 

Dans le quotidien, il y a tellement d’occasions de développer les compétences exécutives que je ne pourrai pas toutes les citer. 

Mais attention, il faut adapter selon l’âge et soutenir l’enfant ! Il ne s’agit pas de le laisser se débrouiller seul de A à Z dès le premier coup. En effet, si vous ne voulez pas que votre linge blanc se retrouve rose et que votre enfant pleure et se sente nul de la bêtise qu’il vient de faire (est-ce vraiment une bêtise ?) et qu’il ne veuille plus jamais recommencer, il va falloir faire avec lui, lui expliquer (et ce, plusieurs fois), et peut-être mettre des limites par exemple en lui disant qu’il ne trie que son linge et qu’il ne s’occupe pas de votre joli petit pull en cachemire. 

De même pour la préparation du repas : ne le laissez pas se couper ou se brûler ! Ou même faire trop cuire les aliments ! Adaptez les tâches à son âge et à ses capacités qui ne cessent de grandir ! 

Un autre exemple : faites-les participer à la préparation de leur sac pour aller dormir chez les grands-parents. Au début, vous allez leur demander : de quoi as-tu besoin pour aller dormir chez mamie ? Vous allez les aider à faire la liste et vérifier ensuite si tout est bien dans le sac. Ce plusieurs fois. À un moment, vous pourrez leur dire de remplir le bagage seul et vérifiez ensuite. Pour enfin simplement leur dire de préparer ses affaires, sans vérifier derrière. Et si votre enfant a oublié son pyjama, il trouvera une solution !

Et petit à petit, l’oiseau quitte son nid ! 

Rappelez-vous, les compétences exécutives sont le contrôle inhibiteur, la mémoire de travail et la flexibilité cognitive. Elles sont fondamentales pour nos enfants et pour les développer, rien de plus simple : vivez au quotidien ! 


Ecoutez les épisodes suivants, faisant partie du même parcours d’écoute consacré aux situations quotidiennes :


Vous n’arrivez pas à faire participer vos enfants aux tâches domestiques, parlons-en !

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