Episode 71 – Apprendre la valeur de l’argent aux enfants

Le sujet de cet épisode est venu de la part de l’une des mes auditrices et coachée. Sa question était : « faut-il donner de l’argent de poche à mes enfants ? ». 

Ma première réponse, vous vous en doutez est « vous faites comme vous voulez ! ». 

Mais pour vous aider à prendre votre décision que vous voulez éclairée et consciente, écoutez la suite. 

C’est une question qui concerne plutôt les enfants plus grands, je dirais les collégiens. C’est vrai que nous sommes peu de parents à donner de l’argent de poche chaque mois à nos enfants de primaire et encore moins de maternelle. Les enfants peuvent avoir un peu d’argent en cadeau à leur anniversaire ou à Noël ou à d’autres occasions d’ailleurs, ils peuvent avoir une petite pièce par-ci, par-là pour mettre dans leur tirelire. Mais institutionnaliser qu’ils vont avoir tant d’euros en début de mois ou en fin de mois d’ailleurs, nous n’y pensons pas vraiment en primaire et nous y pensons moins pour les plus petits que pour les plus grands. 

Néanmoins, j’ai connaissance que certains parents donnent de l’argent de poche à leurs enfants assez jeunes. 

Pourquoi donner de l’argent de poche à ses enfants ? 

Pour leur enseigner la valeur de l’argent. Enseigner à leurs enfants ce qu’on peut acheter avec 1€, avec 10, avec 100. Et leur enseigner que s’ils ont 5€ tous les mois par exemple, il va falloir économiser beaucoup, c’est-à-dire ne pas dépenser son argent pendant plusieurs mois, pour s’acheter quelque chose qu’ils convoitent et qui coûte assez cher. 

Comme nous : nous travaillons un certain nombre d’heures pour avoir une certaine rémunération. Et lorsqu’on veut s’acheter des choses plus chères, eh bien, il faut qu’on économise. Par exemple, nous mettons de l’argent de côté toute l’année pour nous offrir nos vacances d’été. Nous avons un budget mensuel à gérer, nous devons suivre nos dépenses et nous ne pouvons pas tout nous acheter.

Donc dans l’idée, c’est un très bon enseignement. Ça permet aux enfants de garder la tête sur les épaules, d’être confrontés à une part de la réalité de la vie, de comprendre pourquoi les parents peuvent acheter telle ou telle chose mais pas d’autres choses, de comprendre aussi pourquoi nous nous pouvons nous acheter telle chose mais pas d’autres personnes ou l’inverse pourquoi d’autres personnes peuvent se payer des choses que nous ne pouvons pas. C’est également les prémisses pour leur apprendre à gérer leur budget mensuel.

Je pense que c’est vraiment rendre service aux enfants que de leur apprendre le fonctionnement financier et monétaire, si je puis dire, de notre vie. De toute façon, grâce aux neurones miroirs, les enfants suivent notre exemple et apprennent à gérer un budget en nous voyant faire.

Par contre, je pense que nous pouvons enseigner cette compétence à nos enfants sans forcément leur donner de l’argent de poche. Comme je l’ai déjà évoqué, ils peuvent avoir de l’argent à certaines occasions sans en avoir forcément de façon régulière. Et puis, les occasions d’enseigner la valeur de l’argent à nos enfants sont nombreuses. 

Je me souviens que quelque temps avant Noël, mon fils a vu des sucres d’orge à la boulangerie. Évidemment, il en a voulu. Je voulais bien lui acheter mais quand j’ai vu le prix, j’ai dit non. Le sucre d’orge, le petit bâton en forme de canne : 2€ pièce ! Je me suis dit que c’était bien trop cher pour ce que c’était. Je trouvais que le prix était vraiment exorbitant. J’ai donc expliqué à mon fils que 2€ pour un sucre d’orge, c’était vraiment trop cher. Un sucre d’orge ne vaut pas 2€. Il n’était pas très content parce qu’il voulait vraiment son sucre d’orge mais aussi parce qu’il m’a dit que 2€ ce n’est pas cher. C’est vrai qu’en soi, 2€, ce n’est pas une somme astronomique ! Il a argumenté en disant qu’il avait plein d’euros dans sa tirelire, et d’ailleurs, c’est vrai qu’il est assez riche pour son âge (mais comme il économise son argent, c’est plutôt logique). Il a voulu acheter ce sucre d’orge avec les sous de sa tirelire. Mais j’ai refusé. Je lui ai expliqué qu’avec 2€, on pouvait s’acheter beaucoup plus de sucres d’orge. 

Donc, nous avons fait tous les supermarchés du coin, sans trouver de sucre d’orge… Je m’accrochais à cette idée de trouver des sucres d’orge moins chers malgré les récriminations de mon fils. Et effectivement, j’aurais pu lui dire « vas-y achète ton sucre d’orge à 2€ »… Mais, j’ai la force de mes convictions, et je ne me décourage pas si facilement. 

J’ai finalement trouvé une boîte de 10 sucres d’orge à 2,50€. J’étais bien contente parce que je commençais à désespéré de trouver… J’ai donc donné les sucres d’orge à mon fils en lui expliquant qu’avec 2€, il pouvait avoir 8 sucres d’orge de cette boîte. Donc il valait mieux qu’il garde ses 2€, qu’il n’achète pas tout de suite ce qu’il avait envie car en patientant un peu (ce qui était très dur pour lui, j’en ai bien conscience), il pouvait avoir mieux avec la même somme d’argent

Pour la petite histoire, Noël est passé depuis un moment et j’ai toujours des sucres d’orge dans mes placards. Comme quoi… 

Je vous raconte cette histoire de sucres d’orge pour vous expliquer que toutes les occasions sont bonnes pour transmettre à nos enfants ce que l’on veut transmettre. Dans cet épisode, je vous parle d’argent mais ça peut être n’importe quoi : le respect de la nature dont je parle dans l’épisode 40 faire découvrir l’écologie à ses enfants, le fait d’être bon joueur, la patience… 

Donc, vous n’avez pas besoin de donner de l’argent de poche à vos enfants pour leur apprendre la valeur de l’argent. Ce n’est pas parce que vous le faites que cette connaissance va être mieux su et ce n’est pas parce que vous ne le faites pas que vos enfants ne vont jamais apprendre la valeur de l’argent. 

Des enfants gâtés ? 

Une problématique qui revient souvent en rapport avec la valeur des choses est que les enfants croient que tout leur est dû, qu’ils peuvent tout avoir, et que c’est facile pour nous de leur payer tout ce qu’ils veulent. Ils manifestent de l’ingratitude par rapport à ce qu’ils ont et certains enfants réagissent d’ailleurs très mal quand ils n’ont pas ce qu’ils veulent. 

Je ne crois pas que cette attitude d’enfant pourri gâté soit liée à l’argent de poche en lui-même mais plutôt à la valeur des choses. 

Alors si vous avez les moyens d’acheter à vos enfants ce qu’ils veulent et que vous avez envie de leur offrir ce qu’ils veulent, je ne vous dis pas de les priver exprès pour leur apprendre. Vous pouvez très bien être millionnaire et trouver qu’un sucre d’orge à 2€, c’est vraiment exorbitant. Vous pouvez payer un sucre d’orge à 2€ (d’ailleurs, je ne suis pas millionnaire mais techniquement, je pouvais payer à mon fils son sucre d’orge à 2€ ou lui pouvait le faire avec l’argent de sa tirelire) mais vous ne voulez pas car vous estimez qu’un sucre d’orge ne vaut pas ce prix-là. 

Je pense aussi que les parents peuvent avoir de faibles moyens et que les enfants n’apprécient pas le peu qu’ils ont, n’en prennent pas soin. 

De toute façon, le rapport à l’argent n’est pas corrélé directement avec l’argent qu’on possède vraiment. Le rapport à l’argent et la valeur des choses sont très personnels et très hérités de notre enfance et de nos parents. 

J’ai eu des clients pour qui ça allait très bien financièrement, ils étaient très confortables. C’était un peu une revanche sur la vie pour eux car tous les deux avaient grandi dans des conditions très modestes. Leurs parents avaient peu de moyens et c’était vraiment difficile financièrement pendant leur enfance. L’une des deux personnes du couple était devenue très dépensière en mode « je peux me le payer alors je le fais » et l’autre personne était plus raisonnable en mode « réservons les vacances d’été en janvier, comme ça, on trouvera moins cher ». Les deux personnes avaient évolué de façon différente et avaient un rapport à l’argent différent. 

Tout ça pour dire que selon votre propre rapport à l’argent, vous transmettrez ce que vous voulez à vos enfants. Sur ce sujet comme sur d’autres, il n’y a pas de vérité générale, de choses à faire ou ne pas faire : chacun fait comme il ou elle veut. L’important, comme toujours dans la boîte à outils des parents, est de savoir pourquoi on fait ce qu’on fait, d’avoir une parentalité consciente. 


Cet épisode s’inscrit dans le parcours d’écoute « être parent », comme les épisodes suivants :


La valeur de l’argent est un sujet qui fâche à la maison ? Discutons-en !

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