Être affirmé est nécessaire dans la vie de tous les jours. C’est ce que j’affirme à mes coachés. Ça permet de faire ses propres choix, de ne pas se laisser marcher dessus, de faire ce dont on a envie, d’être aux commandes de sa vie. Et c’est une compétence qui s’apprend. Dans cet épisode, je veux vous donner les clés pour l’enseigner à vos enfants.
Qu’est-ce que l’affirmation de soi ?
Pour expliquer ce qu’est l’affirmation de soi, je vous propose de passer par un grand classique en coaching : le triangle dramatique, appelé aussi triangle de Karpman, du nom du psychologue américain qui l’a théorisé. C’est un jeu de rôle. Jeu auquel nous participons tou.te.s sans l’avoir en tête et justement, je vous propose de le conscientiser.
Dans ce triangle, il y a trois rôles :
- La victime,
- Le sauveur ou la sauveuse,
- Le persécuteur ou la persécutrice.
Je vous explique d’abord ce triangle et ces rôles avant de revenir sur l’affirmation de soi. C’est très important de bien comprendre ce triangle avant de voir comment on peut l’utiliser pour quelque chose de plus positif.
Ces trois rôles sont interdépendants les uns des autres et nous les jouons tous selon la situation ou parfois dans une même situation.
La victime est persécutée et cherche un sauveur.
Le persécuteur exerce son contrôle sur la victime et est contrebalancé par le sauveur.
Le sauveur, pour exister, a besoin qu’une victime soit persécutée.
La victime attire l’attention sur soi en se plaignant de son persécuteur qui peut être une personne ou une chose, une entité (des factures à payer, une maladie). La victime se plaint et reste enfermée dans ces plaintes. Ça tourne en boucle.
Le persécuteur, si c’est une chose ou une entité, il n’y a pas grand chose à dire. C’est la vie. Mais si c’est une personne, ça peut être quelqu’un qui va enfoncer la victime, lui faire voir des aspects déplaisants de sa situation, qui va la dénigrer voire la harceler.
Le sauveur va se sentir pousser des ailes en aidant la victime. Il va ressentir une autosatisfaction. L’aide qu’apporte le sauveur n’est pas forcément une action qui va vraiment sortir la victime de ses soucis. Ça peut seulement être un écho aux plaintes de la victime, sous couvert de compréhension.
Je l’ai dit, ces trois rôles nous les jouons tou.te.s d’une façon ou d’une autre. Mais c’est un jeu de manipulation les uns envers les autres. La victime se complait à rester dans cet état de victime et ne veut donc pas vraiment en sortir. Le persécuteur se sent fort à molester quelqu’un de plus faible que lui. Et le sauveur a l’impression d’avoir impacté le monde en réconfortant la victime.
En éducation, qu’est-ce que ça donne ?
Eh bien, la victime va souvent être l’enfant, surtout lorsqu’il est dépendant. Le persécuteur va être l’un des parents, les deux parents, des proches, des enseignant.e.s, d’autres enfants à la crèche ou à l’école… Le sauveur peut être ces mêmes personnes.
Mais, l’enfant peut également être un persécuteur ou un sauveur selon les situations. On pense sans mal au harcelé devenant harceleur. Par exemple, un enfant qui est dénigré par ses parents (donc victime) va facilement dénigrer les autres enfants à l’école (et donc devenir persécuteur).
Tout cela est sûrement un peu compliqué à expliquer à des enfants jeunes mais je pense que dès que l’enfant est en CE1 ou CE2, il est à même de comprendre ce schéma et de l’observer autour de lui. Il est important pour lui d’intellectualiser tout ça pour qu’il comprenne qu’il n’est pas obligé de rentrer dans ce jeu.
S’il voit une victime (telle que décrit plus haut), il n’est pas obligé de devenir son sauveur. S’il est persécuté, il n’est pas obligé de devenir victime, etc.
Comment ?
Eh bien en développant l’affirmation de soi !
1. Apprenez à votre enfant à s’accepter tel qu’il est : les critiques ne peuvent l’atteindre que s’il les croit fondées. Rappelez-vous, dans l’épisode 14 consacré au regard des autres, je vous expliquais que les critiques ne nous atteignent que si on les pense vraies. Si on vous dit « oh la la je n’aime pas du tout tes cheveux bleus » mais que vous n’avez pas de cheveux bleus… Vous n’en avez rien à faire ! Mais si on vous dit « oh dis donc, t’as des bourrelets qui dépassent » et que vous avez effectivement un peu d’embonpoint que vous n’assumez pas, ça va vous atteindre. Par contre, si vous assumez vos bourrelets, vous n’en avez rien à faire ! S’accepter tel que nous sommes est la meilleure des armures face aux critiques des autres.
2. Proposez à votre enfant de mettre ses lunettes de bienveillance : Avec ces lunettes, je vous invite tout d’abord à vous regarder vous-même : qu’est-ce que vous voyez ? Est-ce que c’est catastrophique ? Si c’est le cas, vous n’avez pas les bonnes lunettes ! Renforcez la bienveillance ! Essayez d’être aussi objectif.ve que possible. Il faut absolument être dans votre équipe, être votre meilleur allié. La seule personne qui doit vous aimer, c’est vous !
Avec ces lunettes, regardez également le monde qui vous entoure : les autres ne sont peut-être pas aussi méchants que ça. Peut-être que tel ou tel comportement peut être expliqué d’une façon ou d’une autre. Peut-être que les autres ne sont pas bêtes en soi. Les autres ont, comme nous, le droit à l’erreur. Les autres ont le droit d’avoir peur, d’être tristes, de se sentir mal à l’aise…
3. Apprenez à votre enfant à dire non : Si votre enfant est dans la phase des terrible twos, ça ne doit pas être compliqué ! Mais plus grands, les enfants ont un besoin immense de s’intégrer au groupe et pour cela, ils sont parfois prêts à dire oui à des choses qu’ils n’ont pas envie de faire. Adulte aussi d’ailleurs, ça ne concerne pas que les enfants ! C’est comme ça que des enfants se font manipuler et qu’ils font des bêtises qu’ils n’auraient jamais faites !
Pour cela, il faut que l’enfant s’écoute. Qu’il écoute ses envies, ses désirs, ce qui lui semble ne pas être une bonne idée, insupportable… Et qu’il aille dans la bonne direction.
Et il faut qu’il comprenne qu’il a le droit de ne pas être d’accord avec d’autres personnes (enfants comme adultes d’ailleurs), qu’il peut s’éloigner d’une situation qui ne lui plaît pas et qu’il peut même aller chercher de l’aide ou en parler à d’autres personnes s’il en a envie.
4. Parler, communiquer clairement : Éviter au maximum les sous-entendus qui peuvent facilement donner lieu à des malentendus nocifs pour la communication.
Exprimer ce que l’on ressent en commençant sa phrase par « je » : « je suis fatiguée » et pas « tu me fatigues ».
S’exprimer aussi clairement que possible en utilisant les mots les plus précis possibles. Ça permettra de développer le vocabulaire de votre enfant !
Ainsi, votre enfant mettra toutes les chances de son côté pour se faire bien comprendre.
En repérant le rôle des personnes qui l’entourent et le sien dans le triangle de Karpman et en appliquant toutes ces clés, votre enfant va développer son affirmation de soi qui est nécessaire dès le plus jeune âge.
Cet épisode fait partie du parcours d’écoute consacré aux situations quotidiennes, tout comme les épisodes :
- Pour des matins sereins avec les enfants
- Pourquoi n’ai-je pas d’autorité ?
- Les secrets et les enfants
Pour construire l’affirmation de soi pour vous et vos enfants, faites-vous accompagner.