Episode 46 – Et si j’avais des jumeaux ou des jumelles ?

Être parent de jumeaux ou de jumelles me fascine. Je trouve que c’est déjà tellement compliqué d’avoir un bébé, mais là, deux en même temps !! Je me suis dit que je ne devais pas être la seule dans ce cas alors j’ai voulu en savoir plus. Mais, ce n’est pas une difficulté en soi pour mes coachés.

A la fin de cet épisode, vous ne serez plus paniqué.e si vous venez d’apprendre que vous allez avoir des jumeaux !

Juliette : Pour cet épisode, j’ai la chance de recevoir Arnaud et Myriam qui sont des amis à moi et qui ont eu des jumeaux. Ils sont là pour témoigner. Est-ce que vous voulez vous présenter brièvement Arnaud et Myriam ?


Arnaud : Bonjour Juliette. Merci de me recevoir. Je m’appelle Arnaud, j’ai 51 ans. Je suis marié avec Myriam. Nous avons une grande fille de 19 ans, Juliette, née en 2003, et on a eu, en effet, des garçons cinq ans plus tard, Thomas et Raphaël.


Myriam : Et moi je suis Myriam, l’épouse d’Arnaud, et j’ai 51 ans également. 

L’annonce de la gémellité

Juliette : Alors j’aimerais savoir, parce que moi, les jumeaux, c’est quelque chose qui me fascine, quand vous avez appris que vous attendiez des jumeaux, quelle a été votre réaction ? 

Myriam : On a été très surpris. J’avais une visite chez le médecin parce que j’avais eu quelques soucis et que je craignais que la grossesse ne se passe pas bien. Donc c’était vraiment en début de grossesse. Et pour me rassurer, elle m’a dit : on va faire une écho. Et là, à un moment, elle m’a dit « Ah, vous allez respirer très fort ! ». Et je me suis dit « Qu’est-ce qui va se passer ?? ». Et elle m’a regardée et m’a répondu « parce qu’il y en a deux ». Voilà, Arnaud n’était pas là, il travaillait. J’étais toute seule avec Juliette qui ne savait pas que j’étais enceinte. Donc j’ai respiré effectivement très fort et en rentrant à la maison, j’ai tout de suite appelé Arnaud pour le prévenir et je te laisse dire ce que tu as dit.


Arnaud : Je ne me souviens plus précisément, mais je me souviens que j’étais au travail, que tu m’as appelé et t’étais quand même pas en pleurs, mais un petit peu inquiète, un petit peu sous le choc.

jumeaux


Myriam : Voilà. Et la première réaction d’Arnaud, ça a été de dire « Ah non, mais ça ne vient pas de chez moi, il n’y en a pas chez moi », ce à quoi j’ai répondu « mais chez moi non plus ! ». Et voilà. Et ça a été la grosse surprise. Effectivement, parce qu’il n’y avait pas de jumeaux dans notre famille, du moins pas à notre connaissance. Après, on a appris qu’il y en avait, mais de façon très, très éloignée. Je n’avais pas suivi de traitement. Après, on a appris que l’âge finalement où les femmes peuvent le plus avoir de jumeaux, c’est 37 ans et j’avais 37 ans. 

Juliette : C’est bon à savoir ça ! Et alors, comment ça s’est passé après ? Enfin la grossesse, les premiers jours après la naissance et le premier mois ?

Myriam : Alors la grossesse a été assez compliquée : il y a eu un syndrome transfusé transfuseur, c’est-à-dire qu’ils partageaient le même placenta et que l’un prenait tout le flux à l’autre. Donc ça, voilà, ça a été détecté lors d’une échographie encore et on est tombé sur un échographe qui connaissait très très bien ce syndrome qui nous a orientés très très vite à Poissy. Donc en l’espace de trois jours, j’ai été opérée avec une intervention in utero au laser où on coupe le placenta en deux pour enlever les liaisons qu’il peut y avoir. Et puis donc derrière, grossesses à risque, très suivie avec un peu de soucis pendant la grossesse. Une césarienne à sept mois et demi programmée, donc prévue avec l’équipe de néonatalogie qui attendait les enfants. Et puis, un accouchement assez compliqué puisque j’ai fait une hémorragie derrière…


Arnaud : Mais sinon c’est très bien, c’est très sympa ! Alors, passé ce côté médical, on ne se pose pas de questions. Myriam était très inquiète du côté matériel. Est-ce qu’on va être capable de recevoir deux enfants ? La voiture est-elle assez grande? La maison est-elle assez grande ? Est-ce qu’on a les chambres qu’il faut ? Est-ce que… Moi j’étais moins dans ce côté-là parce que j’avais vite vu que c’était jouable. C’était une aventure jouable. Je m’inquiétais en fait par rapport à Juliette. Elle n’avait rien demandé. En fait, la première question, c’était par rapport à elle. Je me suis dit « elle est toute seule, elle était tranquille ». Et cinq ans après, il y a deux marlous qui arrivent et qui vont modifier sa vie ! En bien j’espère, mais ça va modifier le paradigme. Donc moi, je me suis inquiété de ça d’abord. Après, je suis allé voir mon père dans les montagnes pour discuter et pour vider un peu mon sac. Et là, on était parti pour l’aventure. Oui, tout simplement.

Les premiers jours après la naissances des jumeaux

Juliette : D’accord. Et alors, après la naissance ? 

Myriam : Arnaud avait beaucoup travaillé pendant l’été. Ils sont nés le 18 août, ce qui lui a permis, avec le congé de paternité et tout ça, de rester à la maison plus d’un mois. Et moi avec les garçons, on est restés à l’hôpital pendant dix jours. Et après, en rentrant à la maison, Arnaud a complètement assuré toutes les nuits pendant trois semaines un mois pour me permettre de me reposer.


Arnaud : Myriam dormait à l’étage et moi, j’avais une chambre au rez-de-chaussée avec les enfants d’un côté et moi de l’autre. Et puis, les biberons toutes les deux ou trois heures. Alors la règle était : le premier qui se réveille  réveille l’autre. D’accord, donc le premier qui se réveillait parce qu’il avait faim, je réveillais l’autre pour leur donner à manger au même moment, parce que sinon on se retrouve à donner à manger toutes les heures. Donc hop, je les amenais dans ma pièce à côté, dans ma chambre. Et puis après, on développe des techniques pour donner deux biberons à deux bébés. Alors je me souviens les avoir coincés sur un traversin et j’étais à genoux devant eux et avec les biberons dans les mains et hop dans la bouche comme ça. Mais ce n’est pas confortable, on se fait mal au dos. Après, on se cale l’un sur les genoux devant et l’autre dans les bras de façon classique, comme un bébé, puis l’autre devant sur ses genoux repliés. Et ça marche très bien. Et puis voilà, c’était parti pendant un petit mois.


Juliette : On est imaginatif dans l’adversité !


Arnaud : Absolument, absolument. Là, il faut ! Et puis, sans parler de toute la gestion des couches, les habits, les lessives. Alors je mentionnerai toujours on avait une puéricultrice de la PMI qui était venue et qui nous avait dit : « le ménage, c’est secondaire. La première personne qui vous fait une remarque là-dessus…Vous laissez tomber, vous vous occupez de vous et de vos enfants. Le ménage, c’est secondaire. » Et c’est vrai que ça paraît bateau de dire ça (mais c’était propre chez nous !). Mais voilà, on était tout concentré vraiment sur eux et sur nous aussi.


Juliette : Qu’on ait des jumeaux ou pas d’ailleurs. Mais là, on est en mode survie, accueil de nos ou notre bébé et du coup le ménage, de toute façon, c’est secondaire.

jumelles


Arnaud : Dans cette période-là, si on est bien entouré, c’est bien. Si Tonton, Tata, Mamie, Papi peuvent venir donner un coup de main pour le ménage, c’est apprécié et appréciable, mais ce n’est pas la priorité dans ce moment-là, ça c’est sûr.


Myriam : Et même, elle nous avait aussi dit qu’un bébé n’avait pas besoin d’être lavé tous les jours, contrairement à Juliette où on avait un rythme très très strict et où on fait très attention à tout. Alors là, le fait que c’était le deuxième et le troisième ou que c’était des jumeaux, je ne sais pas ce qui a prévalu le plus. Mais effectivement, les garçons, dès le début, on les a lavés tous les deux jours et à aucun moment ça nous est venu à l’idée de les laver tous les jours, de les changer tous les jours. Et puis finalement ils s’en sont très très bien portés et heureusement. 

Juliette : Et Juliette dans tout ça, justement ? 

Myriam : Alors Juliette, quand on lui a annoncé que c’était des jumeaux, c’était assez rigolo parce que sa meilleure amie avait un petit frère en même temps, nos fils, ont un mois d’écart. Et donc sa meilleure amie l’a su avant elle et l’avait un peu fait rager. Et donc, quand on lui a dit qu’elle avait deux petits frères, elle a dit « je vais le dire à Chloé parce que moi, j’en ai deux ». Elle avait déjà cinq ans. Donc c’est vrai qu’elle était quand même un peu grande et elle s’en est très très bien occupée. Elle nous a beaucoup aidés, elle a été d’un grand grand secours et et elle n’en a jamais été jalouse ou il n’y a jamais eu de signes désagréables de sa part avec ses petits frères, du moins jusqu’à ce qu’ils soient plus grands. Mais tant qu’ils étaient petits, elle s’en occupait très très bien. 

La place de l’aînée de jumeaux

Juliette : Et comment vous faisiez pour laisser de la place à Juliette quand vous, vous en aviez deux à vous s’occuper ?


Arnaud : Elle participait beaucoup d’elle-même. Elle avait deux poupons grandeur nature, donc elle participait à leur vie. Et on n’était jamais réellement deux avec les deux, les jumeaux, c’était une personne. Une personne suffisait, donc l’autre était disponible pour Juliette. Donc soit on était avec elle, soit elle était avec nous en train de nous occuper des enfants, donc elle n’était jamais mise de côté. Ça s’est passé assez naturellement et c’est vrai que l’écart d’âge, les cinq ans, ont aidé quand même. Ça nous a vraiment facilité la vie, j’imagine des jumeaux arrivant en deuxième position derrière un enfant qui a deux ou trois ans, ça doit être une autre paire de manches. Cinq ans, c’était un âge appréciable, vraiment. Et Juliette s’est très bien intégrée à l’équipe, parce que c’est un travail d’équipe, tout simplement.


Juliette : La parentalité en général, c’est un travail d’équipe ! Et quels ont été les moments les plus durs que vous avez rencontrés ?

Les moments les plus difficiles

Myriam : les premières nuits ?


Arnaud : Oui, même si Juliette, on connaissait la gestion d’un enfant, mais là, deux en même temps, c’était quand même un peu l’inconnu, même s’il y avait voilà… Il y a une part d’aventure, comme je dis. C’est vrai que là, les premières nuits sont compliquées. Quand vous avez un enfant déjà qui pleure et on ne sait pas pourquoi, quand les deux pleurent, alors là… Mais je pense que c’est normal, c’est naturel. Après, quand ils sont un peu plus grands, qu’ils sont en âge de marcher à quatre pattes ou de marcher les premiers pas, vous en avez un dans votre vision. Mais l’autre où est-il ? On est toujours en train d’en chercher un. En fait, c’est vrai que ça marche par deux. Même si on a toujours cherché à les dissocier, pas à les faire se ressembler. On en cherche un et où est l’autre ? Donc il y avait parfois des petits moments de stress, c’est un bien grand mot, mais d’inquiétude.


Myriam : Oui, quand ils ont commencé à marcher et à se déplacer, ça a été un peu un choc pour nous. Parce que Juliette était une petite fille très calme et très tranquille au niveau motricité et donc avec les garçons, on a découvert tout ce qui pouvait être fait dans la maison, comme escalader les fauteuils ou se sauver. Et puis le problème, c’est que quand ça partait dans un sens et l’autre dans l’autre, et qu’on est tout seul, on va où ? La question, c’est ça, c’est de quel côté je vais et qui je rattrape en premier ? 

Juliette : Mais maintenant qu’ils ont quatorze ans, les moments les plus durs, c’était vraiment quand ils ont découvert la marche ? Il n’y a eu que ça ?


Arnaud: On a de la chance, alors je pense.


Myriam : Après, il y a eu l’accident annuel, donc à peu près chacun leur tour. Au début de l’été, on allait aux urgences.


Arnaud : Mais ce n’est pas lié à leur gémellité.


Myriam : Oui, ce n’est pas lié à leur gémellité.


Arnaud : N’importe quel enfant peut se casser une dent, un poignet en sautant du lit, un coup de raquette, un coup de club de golf ou je ne sais plus quoi d’autre dans les dents. Enfin, comme n’importe quel enfant tout seul peut le faire. Mais alors, lié à leur gémellité, non. En fait, c’est super cool d’avoir des jumeaux !


Juliette : En fait, ça a l’air simple !


Arnaud : C’est super simple ! Mais c’est vous qui en avez peur. Nous, on en avait peur avant. On n’a plus peur maintenant.


Juliette : On a peur de l’inconnu. Donc oui. 

Myriam :Après, je pense que c’est comme toutes les fratries, sauf qu’effectivement ils ont le même âge. Et quelque part, c’est plus simple aussi parce qu’ils font tout au même rythme, au moins, quand ils étaient petits. J’avais des amis qui avaient des enfants qui avaient deux ans d’écart. Et je leur disais « Mais pour vous, c’est plus difficile que pour nous finalement » parce que les siestes et tout ça, c’était en même temps, alors que eux il y en avait un qui faisait déjà quasiment plus la sieste alors que l’autre si. 

Après, ça va être de gérer les différences de caractère parce qu’on a beau dire, c’est que ce sont des jumeaux, mais on ne les a pas élevés pareils parce qu’ils n’avaient pas le même caractère. 

Juliette : Tu ne les as pas élevés de la même façon ?

Myriam : Moi, je considère que je ne les ai pas élevés pareils. Ils n’avaient pas le même caractère. Thomas a été un enfant qui était beaucoup plus docile. Dès qu’on élevait la voix, il rentrait dans l’ordre et il n’y avait pas de problème. Raphaël, il s’opposait systématiquement. Donc je n’allais pas au conflit avec Raphaël parce que je savais que ça allait prendre des proportions de dingues pour des choses toutes petites. Donc je laissais passer alors que je ne laissais pas passer pour son frère et sa sœur, ce qui est profondément injuste. Mais voilà.


Juliette : Et toi, Arnaud, tu les a élevés de la même façon ou pas ?


Arnaud: Oui, oui, je pense que je les ai traités pareils. Après, c’est par rapport à Juliette. Je reviens toujours à Juliette. Quand j’ai su que c’était deux garçons, déjà, je me suis dit « Ouille, je suis un garçon, je sais ce que c’est ». Donc je me suis dit « deux d’un coup, ça va être sportif ». Donc je pense qu’on a un rapport, nous, les papas, on a un rapport aux garçons peut-être un peu différent, à tort ou à raison. Ça peut être un sujet de podcast.


Juliette : Pour un prochain épisode !


Arnaud : Mais c’est vrai que les garçons tombaient par terre, je ne me jetais pas à leurs pieds ou je ne m’inquiétais pas outre mesure, contrairement à avec Juliette où j’étais un peu plus attentif à la moindre chute. Toutes proportions gardées, mais les garçons étaient gérés plus comme des petits bonhommes et un petit peu plus durs. Donc, ils sont un peu plus durs au mal…Mais dans l’éducation, non, je n’ai pas l’impression de les avoir traités différemment. Mais en effet, des caractères se sont révélés. En effet, Raphaël est plus syndicaliste que son frère. Mais, ça change, ça change parfois d’un moment à un autre, d’un instant à un autre.

Leur message pour les couples qui attendent des jumeaux

Juliette : Si vous aviez un message pour celles et ceux qui nous écoutent et qui sont en panique totale parce qu’ils ont découvert qu’ils attendent des jumeaux, qu’est-ce que ce serait ? 

Myriam : Alors moi, peu de temps après avoir appris que c’était des jumeaux, j’ai contacté la sœur d’une amie d’enfance qui avait des jumeaux et qui venait d’en avoir. Ils devaient avoir six mois à peu près ses enfants et donc j’étais allée la voir et c’était à peu près le même cas que nous parce qu’elle avait une grande fille avant aussi. Et elle m’avait rassurée en me disant « Mais de toute façon, ça va bien se passer ». Et puis quelque part,  on n’a pas le choix. En fait, une fois qu’ils sont là, on n’a pas le choix et ça se passe bien. Et oui, il y a des problèmes matériels, il y a des choses comme ça, mais rien qui soit complètement insoluble. Et ce n’est que du bonheur à l’arrivée, c’est ce qu’il faut se dire. 

Juliette : Je crois qu’en effet, moi je me fais toute une montagne d’avoir des jumeaux, je n’en aurai pas, mais je pense que quand on est face à la situation, eh ben on se retrousse les manches et on y va.


Arnaud : Oui, tout à fait. Comme je le dis, c’est une aventure et le fait qu’ils soient deux ou un, c’est pareil. Il faut faire le même travail alors avec en effet des problèmes logistiques, mais à deux, même bien entourés avec des amis, la famille ça se passe très bien et ça crée des contacts. Quand vous passez dans la rue avec une poussette double, vous suscitez des remarques ou des échanges. C’est toujours super rigolo. Bon, pour eux, peut-être les garçons d’être tout le temps confondus, qu’on ne les reconnaisse pas, ça doit les agacer. Ça, c’est un autre sujet. Mais non, je crois, que c’est une aventure super. Mais il faut y aller, faut pas avoir peur. En fait, ça se passe très bien. Dans la majorité des cas, je pense, il faut être très optimiste et positif.


Juliette : Un message plein d’espoir.


Arnaud : Un message réaliste.


Juliette : Un mot de la fin ?


Arnaud : Eh bien, on est ravis d’avoir ces deux garçons qui se portent très bien. On a une petite famille de cinq super sympa, on est ravis de les avoir avec nous. Et puis on peut te remercier, Juliette de nous avoir reçus.


Myriam : Oui, merci beaucoup. 

Juliette : Merci à vous d’être venus témoigner sur la boîte à outils des parents !


Cet épisode fait partie du parcours d’écoute « Être parent » tout comme les épisodes suivants :


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