Episode 75 – Gérer les réunions de famille

Au moment où vous écouterez cet épisode, ce sera sûrement bientôt Pâques, Noël, un anniversaire ou un autre évènement qui vous amènera à retrouver votre famille ou vos amis. Un évènement où il y aura beaucoup de monde avec qui vous êtes plus ou moins proche. Gérer les réunions de famille : un évènement délicat à en croire mes coachés.

Beaucoup de monde qui sera certainement très content de voir vos enfants. Peut-être que ces personnes-là ne les voient pas beaucoup, ne les connaissent pas beaucoup. Peut-être qu’il y aura d’autres enfants, qui auront d’autres règles, éloignées des vôtres. Peut-être qu’il y aura des personnes qui savent mieux que vous comment vivre votre vie, élever vos enfants, prendre des décisions. 

Peut-être qu’il n’y aura rien de tout ça, que vous allez passer un super moment avec ces personnes-là. Mais peut-être qu’il y aura quand même deux ou trois petites choses à encaisser sans se braquer et sans faire d’esclandre. 

réunion familiale

Voici un mode d’emploi de la survie aux réunions de famille !

La première chose à faire, je crois, et la plus importante chose à faire d’ailleurs, est de protéger vos enfants. Vos enfants ne sont pas obligés de faire des bisous à tout le monde. Si une personne insiste un peu trop pour embrasser vos enfants, ok, ça semble partir d’une bonne intention, mais ce serait forcer l’enfant à faire quelque chose dont il n’a pas envie. Ce serait bafouer son consentement alors qu’on cherche justement à ce que nos enfants aient bien cette notion de consentement en tête pour prévenir les abus sexuels auxquels ils pourraient être exposés et puis, pour, plus tard, quand ils seront plus âgés voire adultes, qu’ils respectent l’avis des autres et leur consentement. Là, on ne parle pas de faire quelque chose d’obligatoire comme l’hygiène par exemple. On parle de faire un bisou à Tatie Jacqueline alors qu’on a très peu d’années à notre compteur et qu’on ne la connaît pas Tatie Jacqueline ! Ce n’est pas juste lui dire bonjour ou lui dire merci. Donc ce n’est pas juste parler ou adresser un signe. C’est plus que ça. On demande à notre enfant d’avoir un contact physique bouche contre joue. Est-ce que vous embrasseriez un inconnu qui sonne chez vous ? Non, alors pour vos enfants, c’est la même chose. 

L’illustratrice Fanny Vella a fait pas mal de dessins illustrant cela. Vous pouvez la retrouver sur les réseaux sociaux et elle a créé quelques livres également. Il y a notamment cette illustration où un homme demande à sa compagne de faire un câlin à son oncle qu’elle rencontre tout juste. Et l’homme dit à sa femme : mais si, il est gentil, vas-y. Et la femme, toute gênée ne veut pas. 

Il ne nous viendrait pas à l’idée de faire ça à des adultes. Alors ne le faisons pas à nos enfants. Protégeons-les de ces moments gênants et renforçons leur consentement. 

Ensuite, il y a un truc que je déteste, mais vraiment, je déteste. C’est quand un adulte, souvent âgé ou en tout cas manquant foncièrement de tact demande à nos enfants : « alors t’as une amoureuse ? » si c’est un garçon ou « alors t’as un amoureux ? » si c’est une fille. Alors que le gamin est en maternelle ou en primaire, qu’il n’est pas du tout dans un rapport romantique avec ses camarades de classe. Il n’y a pas du tout pensé. C’est quelque chose qui est complètement décalé par rapport à où il en est dans son développement psycho-social. Cette question-là induit aussi l’idée d’hétérosexualité comme si c’était la norme et la seule possibilité. 

Si vous êtes comme moi, face à cette question qui vous sort par les oreilles, intervenez ! Ne laissez pas votre enfant répondre à cette question et expliquez à l’adulte que ça ne vous plaît pas qu’il pose cette question à votre enfant. Selon vos capacités, vous pouvez le faire avec plus ou moins de tact et de délicatesse mais il vaut mieux risquer de vexer cet adulte plutôt que de laisser votre enfant répondre à une question avec laquelle vous êtes inconfortable. 

C’est un peu le même cas pour la question « alors, t’as des bonnes notes en classe ? ». Celle-là aussi, elle m’exaspère. Déjà, la plupart des enfants n’ont pas de notes. Selon les enseignants et la classe, les enfants ne sont pas notés. Je précise au passage que c’est une très bonne chose qui devrait d’ailleurs perdurer un peu plus longtemps. Pourquoi l’adulte pose-t-il cette question ? Qu’est-ce que ça peut lui faire ? Qu’est-ce qu’il va faire de la réponse de l’enfant ? Si l’enfant répond non, il a de mauvaises notes, l’adulte va-t-il se sentir supérieur ? Lui raconter ses années d’école ? Lui dire que lui, il avait les meilleures notes de la classe sans travailler et alors comment votre enfant va-t-il se sentir face à cette information ? Ou au contraire, l’adulte va-t-il lui dire qu’il était un cancre et qu’il a quand même réussi dans la vie, ce qui encouragerait l’enfant à ne pas faire d’effort au niveau scolaire ce qui est tout l’inverse de ce que vous essayez d’enseigner et de transmettre à votre enfant ? 

Bref, cette question, quand c’est une vraie question, quand l’adulte qui la pose se sent vraiment concerné, qu’il s’intéresse à la réponse de l’enfant, ok. Je suis pour. Mais c’est rarement le cas ! 

Dans une réunion de famille, on peut aussi être confronté à des adultes qui peuvent être parents d’enfants présents également à cette réunion de famille et qui n’ont pas les mêmes règles que nous. Par exemple, ils autorisent leurs enfants à faire quelque chose que nous aurions interdit ou l’inverse, ils interdisent quelque chose que nous aurions autorisé. C’est toujours délicat. C’est la rencontre entre deux référentiels, entre deux styles de parentalité. Les enfants, au milieu de tout ça, sont un peu perdus… Ils ne savent pas quoi faire puisqu’ils ont le droit de faire un truc auquel ils n’auraient pas pensé et sont interdits de faire un truc qu’ils voulaient et pouvaient, en temps ordinaire, faire. 

réunion famille

Moi, j’ai la technique de « j’applique les règles de la personne chez qui nous sommes ». Donc si la personne chez qui on est autorise quelque chose que moi j’aurais interdit, je laisse faire. Par contre, je suggère d’autres idées à mes enfants. Parfois, ils adhèrent à mes idées parfois non, ce n’est pas grave. Je leur laisse une certaine liberté dans ces moments-là que sont « les jours de fête ». Alors, bien sûr, ce n’est pas n’importe quoi comme aller dans la piscine sans surveillance. Ça ne les met pas en danger ! 

Ce qu’il est possible de faire également c’est de briefer vos enfants avant la réunion familiale en leur mettant des règles. Des règles que vous serez à même de faire respecter. Sinon, inutile de les poser. J’en parle longuement dans l’épisode 8 consacré au cadre. Si vous posez des règles en amont de la réunion familiale et que vos enfants ne les respectent pas, ça veut dire que vous allez agir pour les faire respecter. Donc quitter votre conversation, la table, l’apéro, ce que vous étiez en train de faire pour rejoindre vos enfants et leur rappeler les règles. 


Je pense aussi qu’il ne faut pas vous forcer à voir des personnes que vous n’avez pas envie de voir, peu importe les motivations que vous avez à aller à cette réunion de famille. Ça va être une torture pour vous et vous allez sur-réagir à la moindre remarque. 

Parce qu’une chose importante aussi est d’être beaucoup plus tolérant.e qu’habituellement pour ce genre d’évènement. Tonton René va vous faire une blague pourrie, bon, ce n’est pas grave, laissez couler, ignorez la chose. Il y a vraiment un curseur à trouver entre les paroles intolérables pour lesquelles il faut intervenir et le reste. Par exemple si Tonton René fait des blagues racistes et que vous êtes absolument contre le racisme ou que vous faites partie d’une minorité (je pense qu’on en fait toutes et tous partie d’une façon ou d’une autre) et donc victime de racisme, là, non. On peut gentiment dire le fond de sa pensée à Tonton René. 

Gardez toutefois en tête que vous ne changerez pas l’avis des personnes en une phrase, même s’il s’agit de membres de votre famille, et que même si vous expliquez, les membres de votre famille ne comprendront peut-être pas. Ce n’est pas grave. Vous ne pouvez pas convaincre tout le monde. Mais restez proche de vos convictions et protégez vos enfants ! 


Cet épisode fait partie du parcours d’écoute « être parent » tout comme les épisodes :


Vous avez du mal à vous affirmer face à vos proches (amis ou famille), je peux vous accompagner !

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